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Le battlegroup franco-allemand partira-t-il au Congo?


(B2) Après la France, hier, par une déclaration de Bernard Kouchner, la Belgique  — par la voie de son ministre des Affaires étrangères, Karel de Gucht, dans une interview dans la Libre Belgique — a estimé nécessaire l'envoi d'un battlegroup de l'UE au Congo, près de Goma. Le sujet est désormais ouvertement sur la table à Bruxelles.

Discussion en urgence

Une réunion des 27 ambassadeurs du comité de politique et de sécurité (COPS) de l'UE a ainsi été convoquée pour ce vendredi. Le COPS, qui se réunit habituellement le vendredi, n'avait pas prévu de réunion à la veille de Toussaint. Toutes les solutions - y compris l'envoi de forces militaires - sont sur table. Le point a aussi été ajouté à l'ordre du jour de la réunion (normale) du Conseil des ministres des Affaires étrangères et de la défense du 10 novembre. Entretemps, pour résoudre certaines difficultés politiques, les Chefs d'État et de gouvernement pourraient se pencher sur la question, lors de leur réunion au sommet le 7 novembre.

La force de réaction rapide de l'UE

L'Union européenne dispose - sur le papier - d'une force de réaction rapide de plus de 3000 hommes. Deux battlegroups (ou groupements tactiques) d'au moins 1500 hommes sont effectivement de permanence au niveau européen, chaque semestre (d'où leur nom : GT1500 ou BG1500). Pour ce second semestre, sont de permanence : un groupe Britannique et un autre constitué autour de la brigade franco-allemande (avec des éléments belges, espagnols et luxembourgeois). Un battlegroup est normalement fait pour être "projeté" dans son entier. Puisqu'il est autonome, en moyens de soutien, de transport et logistique. C'est donc le battlegroup "franco-allemand" qui serait le plus susceptible d'être envoyé. A priori...

Le problème du Bundestag

Mais l'Allemagne n'est pas très enthousiaste sur une solution militaire. Toute projection hors d'Europe de militaires allemands nécessite en effet un accord du gouvernement et surtout un mandat du Bundestag. Et ceux qui se souviennent de l'opération européenne au Congo en 2006 (EUFOR) savent que, pour faire venir les Allemands, cela n'avait pas été facile et qu'il avait fallu une certaine "pression" politique.

Un battlegroup au coeur allemand

Le battlegroup "franco-allemand" comprend environ 2300 hommes - 1600 Allemands, 400 Français et 250 Belges, 40 Espagnols et 20 Luxembourgeois - commandé par le chef de la brigade franco-allemande, le général allemand Andreas Berg. Le coeur du battlegroup est formé de plusieurs compagnies du bataillon de chasseurs de la Bundeswehr (JgBtl292), qui intègre également une compagnie du 110e régiment d'infanterie (110e RI) français. S'y ajoutent des éléments du bataillon de commandement et de soutien (BCS - unité mixte franco-allemande), le bataillon d'artillerie blindée 295 (PzArtBtl295) ainsi que du génie 550 (PzPiKp550) renforcés d'éléments belges, du 3e régiment français de Hussards "Esterhazy" (*), chargé de l'éclairage. La composante médicale du battlegroup (Medevac) est fournie par les Belges, avec un détachement de quatre hélicoptères Agusta.

Le second battlegroup est assuré par les Britanniques

Il est formé à partir de deux bataillons :

- Le 2e RRF (2e bataillon du Royal Regiment of Fusiliers) du 1er juillet au 1er octobre. Jusqu'à récemment, ce bataillon était basé à Chypre et servait de bataillon de réserve en Irak et en Afghanistan. En 2007, il a été déployé en Afghanistan par deux fois, la première avec deux compagnies, la deuxième avec une compagnie.

- auquel succédera le 4 RIFLES (4e Bataillon "The Rifles") du 1er octobre au 31 décembre 2008. Le 4e Rifles est basé à Bulford. Et son précédent engagement opérationnel a été en Irak (en 2007).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Le régiment "Sarkozy": Par tradition, les régiments de hussards portent le nom de leur fondateur et premier commandant, en l'occurrence, le comte Valentin Ladislas Esterhazy, appartenant à une des plus vieilles familles nobiliaires hongroises, qui fonda ce corps en février 1764. Même si la révolution française a supprimé les noms de régiment, la tradition a été conservée. Ce régiment est aussi souvent dénommé, au sein de l'armée, "régiment Sarkozy", par référence à l'identité hongroise du président de la république.

(Photo : © NGV - certification de l'état-major du battlegroup franco-allemand - mai 2008)

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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