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Atalanta. Six mois après, premier bilan (3). Les moyens

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(B2) L’opération européenne de lutte anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta a, peu à peu, augmenté ses moyens depuis son démarrage. De 3 à 4 navires de guerre, au début décembre 2008, elle comptait,
fin mai 2009, une douzaine de navires (Allemands, Espagnol, Français, Suédois, Italien, Grec) et 3 avions. Si le chiffre varie, jour par jour, En moyenne, 6-7 navires européens (frégates et navire ravitailleur), une dizaine d’hélicoptères (chaque frégate est équipée d’un ou deux hélicoptères) et 2 avions de surveillance maritimes sont mobilisés.

Le P3 Orion en survol. Les avions un élément essentiel de l’opération (crédit : ministère espagnol de la Défense)

Etats participants. La plupart des pays européens participent à l’opération, notamment tous les États disposant d’une marine (Espagne, France, Grèce, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Suède, Belgique et Pays-Bas). Une exception notable: le Portugal. Les autres pays y participent par l’intermédiaire d’officiers, placés dans les Etats-Majors (Finlande, Lettonie, Roumanie…). NB : L’Irlande, la Bulgarie… viennent de décider d’envoyer des officiers à l’Etat-Major. En outre, plusieurs pays tiers ont décidé de participer à l’opération (Norvège) ou envisagent de le faire (Suisse).

A noter que comme toute opération militaire, le Danemark ne participe pas à l’opération. Ce qui est cependant paradoxal. Sa marine, présente dans la coalition dirigée par les Américains (CTF) est, en effet, une des plus actives dans la lutte anti-piraterie. Mais ne disposant pas du cadre juridique nécessaire, les saisies de pirates qu’elle effectue sont sans résultat car elles aboutissent à la remise en liberté, sauf si un autre État en demande le transfert (un seul cas jusqu’ici avec les Pays-Bas, début janvier: après l’interception du Samanyulo, navire immatriculé aux Antilles néerlandaises).

La base logistique arrière (FHQ Log) est située sur l’aéroport militaire de Djibouti (avec 25 hommes dirigés par un Britannique) et le port de Djibouti. Elle bénéficie de l’appui des troupes européennes basées dans la zone : la France a une base permanente (plus de 2000 personnes, avec avions de transport et de chasse, navires) et l’Allemagne entretient également un petit détachement logistique dans le cadre de l’opération Enduring Freedom.

Commandement. L’opération est commandée par un petit État-major multinational dirigé par un contre-amiral britannique (Philip Jones pour les six premiers mois, remplacé par Peter D. Hudson), assisté d’un adjoint — le contre-amiral français Jean-Pierre Labonne (pour les six premiers mois) et l’amiral de flotille allemand Torsten Kähler (pour les six mois suivants). La relève des commandants est prévue début juin.

Le quartier général d’opération (OHQ) est situé à Northwood (à 25 miles au nord de Londres) qui abrite également le commandement conjoint des opérations britanniques outre-mer (Iraq, Afghanistan, …) et un des commandements interalliés maritimes de l’OTAN.

Dans la zone, le commandant de la force (en mer) est assuré directement sur une des frégates, par rotation entre plusieurs pays. Après le commodore grec Antonios Papaioannou qui a assuré le commandement, de décembre à mars, depuis la frégate grecque Psara, un Espagnol a pris le relais, en avril 2009, Juan Garat Caramé. A partir d’août 2009, il sera, à son tour, relevé par un Néerlandais.

Financement. L’opération est financée essentiellement par les États membres. On estime qu’un avion de patrouille maritime de type Orion, avec son équipage et sa maintenance revient à 30 millions d’euros sur une année pleine (selon les Espagnols). Tandis qu’une frégate revient (selon le budget allemand) à environ 40 millions d’euros sur une année pleine.

Le budget global de l’opération revient donc aux alentours de 300 millions d’euros. Seule une petite partie de ses frais est pris en charge par le mécanisme de solidarité « Athena » (les frais d’État-major) : 8,3 millions d’euros.

 (NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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