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Que pourrait faire l’UE en Libye ?

(BRUXELLES2, exclusif) L’envoyé spécial de l’UE pour le Sud de la Méditerranée (et le printemps arabe) était en Libye la semaine dernière. L’occasion de faire le point avec les autorités libyennes au plus haut niveau sur les diverses possibilités d’assistance européenne. Pour Bernardino Leon, le « temps de la planification est en effet terminé, il s’agit maintenant pour l’Union européenne de montrer ce qu’elle peut faire ».

Cinq domaines d’action pour l’UE, quelques pays réticents

Une série d’actions pourrait être rapidement mise en place, a-t-il expliqué, ce dans cinq domaines : la gestion des frontières, la restructuration du ministère de la Défense, la capacité de réponse à la crises avec la mise en place d’une salle de gestion de crises, le soutien aux forces d’élite pour combattre le terrorisme et la protection des infrastructures vitales, enfin le support électoral. Projets qui ont suscité des réactions diverses des Etats membres. Les diplomates britanniques ne cachent pas leur réticence (est-ce étonnant !) sur des initiatives dans le secteur de la défense, appelant l’UE à la « prudence » et à « coordonner très étroitement toute action future » avec les Nations-Unies. De même, ils estiment dangereux de former les troupes d’élite, considérant qu’il « est souvent peu clair de qui ses forces dépendent et par qui elles sont payées ». La mission d’évaluation de la gestion intégrée des frontières devrait rendre son rapport début juin. Une discussion pourrait alors suivre au comité politique et de sécurité (COPS).

La gestion des frontières

L’offre européenne pourrait être déployée sous plusieurs aspects selon Bernardino Leon. Une mission de la PeSDC pourrait être déployée sur la frontière sud, la plus difficile à contrôler, accompagnée d’équipements, de formation et de réhabilitation des centres d’accueil des migrants. Les Libyens sont demandeurs d’équipements de haute technologie type satellites ou drones. Coté formation, elles pourraient démarrer rapidement, avec une petite équipe d’experts européens formant des Libyens, par session d’une vingtaine de personnes dispensées sur deux semaines.

Sur la frontière nord, ce pourrait un soutien aux patrouilles maritimes dans les eaux territoriales, à la formation et la maintenance des navires, aux patrouilles conjointes le long des frontières tunisiennes et égyptiennes, comme la réhabilitation du centre d’accueil des migrants à Tripoli.

La Libye a déjà reçu plusieurs offres commerciales pour la surveillance des frontières venant notamment d’équipementiers français et italiens. Mais selon le Premier ministre El Keeb, la Libye préférerait ne pas choisir entre un Etat membre parmi les autres mais avoir une offre européenne combinée.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).