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Bye bye la France, Välkommen Sverige

(Archives B2) A peine remis de la déception de la présidence française, s’annonce la présidence suédoise qui se doit de surprendre tant les Suédois s’annoncent eurosceptiques.

Tel est le destin de l’Union européenne. Les pays se passant, tous les six mois, le témoin de la présidence, la France cèdera dans quelques jours le relais à la Suède. En laissant comme un goût d’inachevé. Certes le bilan est plus qu’honorable en terme de textes adoptés. Les derniers conseils des ministres ayant adopté l’horaire de nuit, les Français sont ainsi parvenus à débloquer des dossiers aussi vieux que l’Europe - l’harmonisation fiscale, la société européenne -, ou sensibles politiquement - le temps de travail des routiers, la sécurité maritime, l’interdiction des farines animales. L’échec de cette présidence est surtout imputable à ses dirigeants. Autant Chirac que Jospin se sont montrés incapables d’esquisser, à un moment crucial, une quelconque réflexion ou une idée audacieuse sur l’avenir européen.

Et cette frilosité risque de perdurer les mois prochains. La Suède, qui prend les rênes européens jusqu’à juin prochain, n’est pas véritablement euro-enthousiaste. A écouter Göran Persson, le Premier ministre suédois, l’Europe doit surtout être un libre-service à la carte, « Une union d'États nationaux égaux en droit au sein de laquelle le mode de coopération variera en fonction des problèmes de fond abordés » affirme-t-il. Dans son esprit, plus l’Europe est faible, meilleure elle est. « L'Union n’est pas – et ne doit pas selon moi le devenir – une fédération ». Ce sont surtout la « compétitivité » et le « marché intérieur » qui trouvent grâce aux yeux de ce... social-démocrate.

La Suède se montre ainsi ardent partisan d’un élargissement rapide aux pays d’Europe de l’est. Mais à ses yeux, l’emploi, l’environnement, les consommateurs, les produits chimiques, la transparence... sont aussi des priorités. Ce mot revient d’ailleurs à 27 reprises dans le programme suédois au point que celui ressemble davantage à un catalogue de Noël. Il suffit de choisir ! « Une présidence a toujours tendance à s’inventer de nouvelles priorités, à vouloir réinventer une autre Union pour six mois » estime un diplomate européen averti.

Un seul mot est quasiment absent : l’euro. La Suède n’étant pas membre du club, c’est en effet la Belgique qui assumera la présidence de l’Eurogroupe. Celui des derniers mois avant l’arrivée de la monnaie.

Nicolas Gros-Verheyde (paru dans France-Soir, décembre 2000)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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