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RD Congo. L’opposition exilée en Belgique est dispersée

Entre le Congo (ex Zaïre) et la Belgique, c’est une vieille histoire.

(Archives B2) Cette région de l’Afrique centrale est, en effet, d’abord, une propriété, très, personnelle du roi Léopold II, qui y délègue expéditions de reconnaissance et missions scientifiques, et organise la « mise en valeur » du pays. A sa mort, en 1909, il lègue sa possession à l’État belge. Un bienheureux don qui permet au Congo d’accéder au statut de colonie, et surtout à la Belgique de s’enrichir.

Un trousseau de clefs remis sans préparation

Trois ans à peine après la fin de la seconde guerre mondiale, le pays avait ainsi récupéré l’essentiel de sa production d’avant-guerre. Autant dire que quand des violentes émeutes éclatèrent quelques années plus tard à Léopoldville (l’actuelle Kinshaha), « le désarroi est complet et tourne parfois à la panique » comme l’explique l’historien Georges-Henri Dumont. Le mouvement général de décolonisation se fait alors dans « une précipitation inconsidérée » selon les termes même du ministre (démissionnaire) du Congo belge de l’époque, Maurice Van Hemelrijck. Le « trousseau de clefs » est remis aux Congolais sans préparation. Sitôt l’indépendance acquise, la sécession naît alors au Katanga avec l’appui des troupes... belges. Le pays s’enfonce dans une première guerre civile. 40 ans après et le passage d’un certain colonel Mobutu, le Congo est dans la même situation, confuse.

Dans le quartier congolais de Bruxelles, Matongé, situé à deux pas du palais royal, un symbole, la vie continue au rythme mêlé des accents belges et africains. Mais l’opposition en exil a toujours bien de la peine à s’unir. Entre les opposants de toujours comme Étienne Tshisekedi, les anciens mobutistes et les mouvements armés, l’harmonie ne règne pas. Tous ont le même mot d’ordre : dénier toute légitimité au nouvel homme fort de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila. Mais les conflits, entre eux, sont trop profonds.

L'Angola, le Rwanda en embuscade

« L’opposition démocratique, les mouvements armés et la société civile doivent se rencontrer autour du facilitateur désigné par les parties » estime cependant l’ancien vice-Premier ministre et ministres des mines, Bakafwa Mutombo. La seule porte de sortie ensuite est « l’organisation d’élections et le règlement de la question des nationalités ». Car le danger est là « l’Angola renforce ses positions, le Rwanda va faire de même. La guerre peut se poursuivre ».

A Bruxelles, Nicolas Gros-Verheyde
(Paru dans France-Soir, janvier 2001)

Lire aussi : Le pouvoir à Kinshaha n’est pas légitime (Etienne Tshisekedi)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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