Défense UE (Doctrine)

Sommet de l’Otan, à Bucarest. Principaux résultats. “Nécessité de l’Europe de la défense

(B2) Le Sommet de l’Otan, les 4 et 5 avril à Bucarest, a été un moment important pour l’Europe de la défense.


Puisque le président américain, George Bush, a souligné l’importance de l’Europe de la défense : “Construire une alliance de l’Otan forte nécessite également une forte capacité européenne de défense”, a-t-il déclaré en préambule du sommet (discours). “J’encourage nos partenaires européens à augmenter leurs investissements dans la défense pour soutenir les opérations de l’Otan comme de l’UE. L’Amérique croit que si les Européens investissent dans leur propre défense, ils seront aussi plus forts et plus capables quand ils se déploieront ensemble” (*)

La déclaration finale – adoptée par les 26 – reflète aussi cet engagement indiquant que la “valeur qu’apporte une défense européenne plus forte et plus performante, offrant des capacités pour relever les défis communs auxquels tant l’OTAN que l’UE sont confrontées”.

(*) “Building a strong NATO Alliance also requires a strong European defense capacity. So at this summit, I will encourage our European partners to increase their defense investments to support
both NATO and EU operations. America believes if Europeans invest in their own defense, they will also be stronger and more capable when we deploy together.”

Pour le reste, le résultat du Sommet est plutôt mitigé par rapport à ce qui était prévu.


• Elargissement de
l’organisation

– Deux nouveaux Etats ont été acceptés — la Croatie et l’Albanie — portant le nombre d’Etats membres à 28.
– Mais l’adhésion de la Macédoine (ancienne république yougoslave), pourtant prévu au programme, a été repoussé à plus tard, la Grèce s’opposant à cette adhésion tant que la question du nom du pays n’était pas réglée.
– L’accession au Programme pour l’adhésion (MAP) de la Géorgie et de l’Ukraine a été aussi remise à plus tard, en raison d’une forte hostilité russe. “L’apparition d’un bloc puissant à nos frontières est considérée en Russie comme une menace directe contre notre sécurité” a expliqué V. Putine. Une préoccupation relayée au sein de l’Alliance par les Français et Allemands, désireux de ne pas ajouter un point de crispation avec leur grand voisin. Si les 26 ont décidé que ces deux pays “deviendraient membres” de l’Otan, des progrès sont encore nécessaires et ce sera aux ministres des Affaires étrangères de faire, en décembre 2008, une “première évaluation des progrès accomplis” pour vérifier si ces pays peuvent franchir l’avant-dernière étape, le programme pour l’adhésion.
– Trois autres pays des Balkans – Bosnie-Herzégovine,  Monténégro et… Serbie –  ont été “invités” à passer du Partenariat pour la Paix à un “dialogue intensifié”.

Nouvelles menaces : le Sommet a convenu de la création d’une structure (centre d’excellence) pour la lutte contre les cyber-attaques qui serait basée à Tallinn (capitale de l’Estonie) et opérationnelle en 2009. Des équipes de réponse aux cyber-risques seront également mises sur place. Plusieurs sites bancaires et gouvernementaux avaient été victimes d’une cyberattaque en 2007.

Antimissile : l’Otan a salué “l’importante contribution” du système anti-missile américain en Europe centrale contre la menace balistique “croissante“. L’extension aux zones non couvertes de l’Europe sera examinée au prochain sommet de l’Alliance atlantique en 2009. Elle a proposé à la Russie de s’associer à ce système. A l’issue du Sommet, les présidents russe (Vladimir Putine) et américain (George Bush) se sont rencontré à Sotchi. Une déclaration sur un “cadre stratégique” a été adopté. Même si George Bush s’est félicité d’une “percée”, les Russes ont démenti et ont réitéré leur opposition à ce déploiement. Le ton était cependant moins agressif que les derniers jours. Et chacune des parties a convenu de “travailler ensemble” pour conclure un accord. Ils ont également évoqué une autre voie, “la création d’un système de défense antimissile commun dans lequel la Russie, les Etats-Unis et l’Europe participeraient à part égale”.

• Les Etats membres de l’organisation – et affiliés participant au partenariat pour la paix – ont discuté de l’opération en Afghanistan, et plus spécifiquement des renforts nécessaires pour la Fias.

Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy a officiellement confirmé la volonté de la France de réintégrer pleinement le comités de planification de l’Otan – le commandement intégré – à l’exception du comité des plans nucléaires. Ce devrait être effectif au prochain sommet de l’Organisation, à Strasbourg-Kehl, en 2009.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).