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Géorgie. Que pourraient faire les Occidentaux ?

(B2) Quand on veut jauger la réaction des Européens face à la Russie et son intervention musclée en Géorgie, il faut d'abord avoir en référence, ce qui pourrait être fait. Et, là souvent, c'est un beau silence...

1° L'envoi d'une force armée pour lutter contre les Russes ? ... Personne ne veut s'engager dans cette épreuve de force. A commencer par les Américains. Ceux-ci n'ont, durant les crises qui ont émaillé le continent européen depuis 50 ans, jamais engagé de troupes directement et immédiatement pour contrer une action Russe. Que ce soit en 1956 (Budapest), en 1968 (Prague)... le message a toujours été identique. Vibrionnante déclaration puis action, plus ou moins discrète, efficace ou longue, aux mouvements d'opposition. Jamais directement. Cette stratégie n'a pas changé aujourd'hui. Et cela explique le silence de l'Otan sur cette question.

2° Le gel de toutes les relations avec la Russie. Il est possible mais sera très douloureux en retour pour l'Europe. Et
Le Conseil européen se réunit le 1er septembre à Bruxelles de façon exceptionnelle consacré à la crise géorgienne. Ce sera la deuxième réunion (après celles des Affaires étrangères de l'UE, sans compter celle de l'Otan) consacrée à cette question en quelques jours. Il s'agit notamment de réagir à la reconnaissance de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie par la Russie, le XX. Ce qui ressemble un peu à une annexion. Mais que peuvent vraiment dire les Européens quand on voit bien que les Etats-Unis et l'Otan, malgré des déclarations fracassantes, n'ont pas décidé d'intervenir directement dans le conflit :

Alors que reste-t-il ?
- se dégager peu à peu de l'emprise énergétique russe;
- accélérer l'intégration de la Géorgie au monde européen;
- maintenir un lien diplomatique avec la Russie, en alternant (comme eux) un baton et une carotte

3° S'abstenir de

- la diplomatie. On peut critique ou disputer à Nicolas Sarkozy le bien-fondé de sa visite à Moscou, sa marge de manoeuvre par rapport aux Russes. Mais il est un fait incontestable, c'est au nom de l'Union européenne que ce fait a été acté (en accord avec la plupart des capitales européennes, au moins des "grands" pays). Et il a été fait assez rapidement. S'il a

- les sanctions. Il n'en est pas question. La soit-disante sortie de Bernard Kouchner sur l'utilisation des sanctions a un peu été "gonflée". Le ministre ayant évoqué lors de la conférence de presse le fait que certains Etats membres réfléchissaient aux sanctions. Même un simple rappel des ambassadeurs, mesure diplomatique significative, "n'est pas envisagé, et n'a jamais été évoqué par aucun Etat membre" a souligné le porte-parole de la Commission européenne.

- l'aide humanitaire. L'Europe n'a pas démérité

(NGV)

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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