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L’UE ne doit rien lâcher à la Russie, disent Vaclav Havel et Radek Sikorski

(B2) Coup sur coup, deux principaux responsables politiques des pays d’Europe centrale viennent de demander une politique plus ferme vis à vis de la Russie. Un message à écouter peut-être avec plus d’attention que ne le font d’habitude l’Union européenne, de par la stature des deux personnes qui s’expriment, dont la modération.

Photo : radio tchèque

« Ne rien lâcher à la Russie », tel est le propos de Vaclav Havel dans le quotidien italien Corriere della Sera, samedi.

« Le principal danger qui menace aujourd’hui l’Occident – explique l’ancien Président de la République tchèque (fédérale tchèque et slovaque de 1989 à 1992 et tchèque de 1993 à 2003) – est de multiplier les concessions en vue d’un apaisement qui n’est autre en réalité qu’une incapacité à dénoncer et à endiguer le mal.

« Il faut rester vigilant : la Russie, plus vaste pays du monde, a toujours eu tendance a mettre sous son influence les États voisins, par une occupation qui peut être militaire, comme nous l’avons vu avec la Géorgie, mais aussi économique et politique. Je suis pour l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine, de la Géorgie et même de la Biélorussie – quand elle sera libérée du régime de Loukachenko. Les bons résultats des communistes aux dernières élections locales s’expliquent par la fascination exercée par les théories marxistes, notamment dans des périodes de crise, où l’on cherche des recettes toutes faites pour un monde meilleur. »

« Inventer une nouvelle doctrine » avait déjà expliqué le ministre polonais des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, lors de sa visite aux États-Unis, comme le rapporte la presse polonaise.

Face aux menaces russes « l’Occident doit réaffirmer sa propre doctrine, et notamment annoncer que toute tentative de modifier les frontières européennes par la force ou par une action de diversion, serait considérée par l’Europe comme une atteinte à sa sécurité, et provoquerait une réponse proportionnelle de toute la communauté transatlantique ».

Et le ministre d’énoncer quatre projets dans lesquels les Européens ne doivent pas céder face à leur voisin.

  • Premièrement, il s’est opposé aux « projets de démontage » de l’OSCE, et notamment à la proposition de Moscou de la remplacer par « une nouvelle structure de sécurité ». « Nous n’acceptons pas de modifier l’ordre mondial apparu après la fin de la guerre froide » et la Pologne n’accepterait pas non plus le retrait d’Europe des États-Unis, proposé par la Russie, a-t-il précisé.
  • Deuxièmement, « l’UE, la plus grande économie mondiale, plusieurs fois plus grande que l’économie russe, ne devrait pas accepter le diktat de Moscou dans le domaine de l’énergie ».
  • Troisièmement,  l’OTAN devrait maintenir la promesse faite à la Géorgie et à l’Ukraine de devenir un jour membres de l’Alliance.
  • Quatrièmement, l’OTAN ne peut pas non plus retirer son soutien à l’installation du bouclier anti-missiles en Pologne et en République tchèque.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).