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(itw) J. Solana: “Aucun pays ne peut résoudre seul les crises”


(paru dans Ouest-France, 13 mars 2009) Le Haut représentant pour la politique étrangère, Javier Solana, était mercredi soir l’invité de Ouest-France à Bruxelles pour le 19e séminaire de formation « Europe » du journal. La conversation a naturellement roulé sur la France et l’Otan et l’engagement en Afghanistan et le Darfour.

• Nicolas Sarkozy vient d’annoncer la décision de réintégrer les commandements de l’OTAN. En quoi est-ce une avancée pour l’Europe ?
Javier Solana –Cela va créer un climat de confiance entre tous les Etats membres de l’UE comme de l’OTAN. Les doutes sur un possible « agenda caché » de la France seront effacés. Et il y a un autre élément, positif, côté américain. Un secrétaire d’Etat américain (Hillary Clinton) qui passe 3 jours à Bruxelles, pour rencontrer tous les interlocuteurs, c’est nouveau. Tout cela crée une autre ambiance pour agir au niveau international. En Afghanistan comme au Moyen-Orient, par exemple.

• En Afghanistan, l’Europe est engagée avec les Américains. Quel doit être notre objectif ? Ne faut-il pas une porte de sortie ?
J.S. – Notre objectif doit être réaliste : faire de l’Afghanistan un pays stable, capable de vivre avec les voisins, avec des éléments de démocratie suffisants. Il faut laisser les Afghans, ensuite, choisir la manière dont ils veulent vivre dans l’avenir. Pour cela, nous devons impliquer toute la région : le Pakistan et l’Inde bien sûr, la Russie, la Chine et l’Iran aussi. Nous nous retrouvons tous, à La Haye, fin mars, pour une première réunion. C’est important. Le moment où un seul pays pouvait régler les problèmes mondiaux est terminé. A problème global, solution globale.

• En rétorsion à son inculpation par la Cour pénale internationale, le président soudanais Bechir expulse les ONGs du Darfour. Quelle position a l’Europe ?
J.S. – Nous condamnons fermement l’expulsion des Ongs. Et nous soutenons le travail de la Cour pénale internationale. C’est le Premier chef d’Etat en exercice à être inculpé, on ne doit pas faire marche arrière. Mais il faut faire en sorte que les citoyens du Soudan ne souffrent pas. Il faut parvenir à rendre compatibles le droit et la politique. Ce n’est pas facile.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).