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La question d’un centre de conduite opérationnel à Bruxelles est posée

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(crédit photo : Le Carlkrona, navire amiral suédois d’Atalanta, en train de ravitailler des bateaux migrants dans le Golfe d’Aden)

 

(BRUXELLES2) Même si le général Leakey – qui quitte ces jours-ci l’Etat-Major de l’UE – semble sceptique sur un QG permanent, tous les participants du triangle de Weimar l’ont dit et redit à Genshagen. Les structures actuelles de planification ne suffisent plus, il faut un “centre opérationnel de commandement” ou de conduite des opérations civiles et militaires, “permanent” et “à Bruxelles”. Tous les mots sont importants et pesés. Que ce soit le militaire engagé sur une opération, les représentants des différents ministères de défense ou des affaires étrangères, français, allemand, polonais, il y a là une longueur d’onde commune. Maintenant la question est comment convaincre les 27… et surtout 1 seul (le Royaume-Uni pour ne pas le citer). On voit cependant qu’il n’est pas mention d’un QG en tant que tel mais plutôt de structures, mot plus facile à faire passer…

 

Commentaire : commencer par un centre de gestion de crises inter-unités

A mon sens, il y a une étape préalable à cela. Il serait utile de regrouper, sur un même site les trois centres de crise qui existent déjà à Bruxelles. ECHO, pour l’aide humanitaire, MIC pour la protection civile, SITCEN, pour la protection consulaire, CPCC, Etat-Major militaire.

Bien sûr, me rétorquera-t-on, de façon fortement argumentée, les objectifs sont forts différents et les modalités d’action fort différentes. Et, puis, les connexions sont déjà régulières. Etc… Ces arguments sont aujourd’hui inintelligibles alors que l’intention politique, transcrite dans le Traité de Lisbonne, est de rassembler tous les instruments de politique étrangère de l’Union dans une seule main et d’avoir une approche de plus en plus “globale”.

D’une part, rien ne remplace le croisement au quotidien, à la “cafét”, dans les couloirs, la possibilité pratique d’aller frapper à la porte de l’un ou de l’autre (voir OHQ Northwood), discuter de façon très informelle, sans règle hiérarchique. En cas de crise, il faut aller très vite et la fait de pouvoir – à tous les échelons – se croiser, s’échanger, au préalable, accélère la prise de décision. Avoir tout le monde sur un même site n’empêche pas chacun d’avoir sa propre logique de conduite de crises, ses propres interlocuteurs.

D’autre part, sur le plan des principes, l’Europe qui défend l’approche globale devrait mettre cette approche en pratique dans les moments ultimes de crises. En ces temps de restriction budgétaire, cela aurait enfin un intérêt économique. Et, cerise sur le gâteau, cela permettrait certainement d’atteindre cette visibilité que d’aucuns déplorent régulièrement.

Ce centre de crises aurait l’avantage de pouvoir sans grande complication institutionnelle (il suffit d’une décision de 2 commissaires : Catherine Ashton et Kristalina Georgieva) de disposer déjà d’un centre de planification et de conduite civilo-militaire (il ne resterait alors que la conduite militaire à agréer).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).