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Au Sud toute ! Six pays proposent de réorienter la politique européenne

Six pays (France, Espagne, Grèce, Malte, Chypre et Slovénie) (*) ont présenté, le 20 février, à leurs collègues européens de réorienter la politique européenne vers les pays du sud de la Méditerranée ("notre rivage sud"), dans la foulée de ce qu'a décidé le Conseil européen du 4 février.

Les signataires mettent aussi en avant des disparités d’enveloppe dans la politique du voisinage de l'Union européenne qui sont "aujourd’hui difficilement justifiables et soutenables" : L'Europe dépense ainsi 1,8 €/hab/an pour l’Egypte ; 7 €/hab/an pour la Tunisie ; 25 €/hab/an pour la Moldavie !

Ce document, ce "non paper" en jargon diplomatique, s'appuie sur quelques principes :

- la différenciation : les pays qui seraient plus en phase avec les "valeurs" de l'UE devraient être privilégiés (un principe que soutient Berlin qui a proposé son propre document).

- la flexibilité : garder une certaine souplesse dans les instruments d'aide européens pour permettre de "réagir à l'actualité".

- une offre globale : qui comprendrait "une aide à la transformation des modèles politiques, économiques et sociaux des pays du Sud, ainsi qu’à la réforme de leurs institutions" ; une "coopération dans la lutte contre le crime organisé, les trafics illicites et l’immigration illégale" ; l'appui aux sociétés civiles ; un dialogue politique (avec des conseils d'association qui soient vraiment consacrés à des questions de fond et des visites plus fréquentes de la Haute représentante).

- une stratégie "Méditerranée" à l'image de la stratégie Danube qui intégrerait les objectifs de l'UpM (Union pour la Méditerranée). Les projets UpM verraient ainsi une seconde jeunesse en revoyant certaines des procédures, notamment le poste de secrétaire général adjoint.

- une augmentation des moyens financiers, en revisitant les différents fonds européens : l'instrument sur le voisinage doit être revu, des fonds provenant de l'Instrument sur la Stabilité, du budget PESC, voire de la Coopération au développement (ICD) devraient pouvoir être utilisés, développer les programmes transfrontaliers au titre des fonds structurels, mobiliser les fonds de la Banque européenne d'investissement (BEI), ...

Télécharger le Non Paper

(*) La composition de ces signataires est intéressante car on ne retrouve pas l'Italie qui fait un peu cavalier à part sur le dossier libyen comme égyptien. En revanche, on trouve la Slovénie, qui illustre la persistance d'une certaine politique arabe issue de la tradition yougoslave.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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