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De l’utilité des symboles non écrits

(crédit : Commission européenne/EBS)

(BRUXELLES2) Il y a quelques années, le débat faisait rage. Fallait-il inclure dans le projet de Constitution européenne (puis de Traité de Lisbonne), le drapeau européen et la devise au rang de symboles fondamentaux de l’Union européenne ? Pour les Français, attachés à l’Europe, qui ont appris à révérer la Constitution comme un catéchisme républicain, et sont tout empreints d’un cartésianisme irréductible, c’était non seulement évident mais obligatoire. Pour ceux qui ne voulaient pas de l’Europe, c’était la preuve irréductible de la naissance d’un super-Etat.

Mais tous les Européens n’étaient pas sur cette conception manichéiste. Il peut ainsi y avoir une symbolique commune sans avoir d’État. Elle peut être évidente et s’imposer à tous sans nécessité d’une inscription de jure dans un article 2 ou 3. La Libye est en train de nous le prouver. Quand l’Europe est là, naturellement, le drapeau européen est de sortie. Et la mise en place du drapeau bleu à douze étoiles jaunes aux côtés du drapeau de la Libye nouvelle, sur le bâtiment du tribunal qui surplombe la place du même nom, où la révolution libyenne est née, en témoigne. Pour les non-Européens, il y a ainsi une évidence, l’Europe est un avant tout un symbole de démocratie et de liberté… Nos amis britanniques ont raison. Les règles non-écrites sont parfois plus fortes et impératives que toutes les autres.

NB : précisons que le Parlement européen a aussi pris l’habitude de préciser en base de page de chacun de ses rapports et ordres du jour officiels la devise « unie dans la diversité ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).