Défense UE (Doctrine)

Les priorités « défense » de la présidence polonaise. Ashton absente

(BRUXELLES2 à Varsovie) Stimuler le fonctionnement des battlegroups, renforcer la capacité de planification et de conduite de l’UE (un QG militaire de conduite des opérations, développer le pooling and sharing, ouvrir les partenariats avec les pays de l’Est, la présidence polonaise a, en matière de défense quatre priorités, assez concrètes, loin de l’ambition politique annoncée il y a plusieurs mois déjà (1) mais qui sont néanmoins intéressantes. Des points qui seront abordés lors de plusieurs séminaires et du conseil informel fin septembre à Wroclaw.

La HR absente de Wroclaw

Cette réunion informelle des ministres de la Défense devrait se tenir sans la présence de la Haute représentante de l’UE. Celle-ci a, en effet, déclaré forfait (une fois de plus diront les mauvaises langues) avec une bonne excuse : elle doit être à New-York, pour la conférence Durban III sur le racisme, qui précède l’assemblée générale, où la question de l’État palestinien devrait être abordée. La réunion aura donc lieu sous la présidence du ministre polonais de la Défense, Bogdan Klich, au nom de la HR.

Une discrétion à la fois tactique et politique

Cette discrétion de la présidence polonaise tient à plusieurs facteurs. D’une part, il y a nouvelle donne institutionnelle. « Dans ce domaine, vous devez avoir une proposition de la Haute représentante » explique un officiel polonais. Il y a ensuite le manque de répondant du côté de certains partenaires notamment en France. « Nous savons que deux Etats sont réticents, nous ferons notre job aussi bien que nous pouvons. Quand deux Etats (Nb : France, Royaume-Uni) ont fait un accord entre eux, c’est plus difficile » explique notre interlocuteur. Ce froid entre Paris et Varsovie n’est d’ailleurs pas limité au domaine de la défense ; il concerne plus largement certaines autres questions comme la zone Schengen (et la volonté franco-italienne de la limiter), le problème des visas temporaires pour pour Kaliningrad, de participation à l’eurogroupe… Du coup, coté polonais, on ne trouve pas très utile d’afficher une ambition politique si celle-ci a un risque d’échouer. Le choix s’est donc porté sur des questions techniques, quitte en cas de succès, à rehausser ces éléments au niveau politique. « La défense est une des priorités clés, ça n’a pas changé, on y est attaché. Si on peut avancer, on avancera »

Il existe aussi des raisons bien internes que la présidence polonaise ne met pas trop en avant. La tenue d’élections législatives en septembre complique un peu la donne d’un gouvernement polonais de centre-droit libéral, certes loin devant dans les sondages, mais qui ne veut pas donner des armes à ses opposants (PiS Justice & Droit de J. Kaczsinski ou Sociaux-Démocrates) ou compliquer la donne avec un allié (le parti paysan) au sort plus instable. Une grande réforme de la défense a été engagée avec abandon de la conscription, suppression de certaines bases, fusion d’unités… qui secoue l’armée et pourrait être repris comme un thème de campagne, comme la fin de l’engagement en Afghanistan avait été un thème de la précédente campagne présidentielle.

Les priorités “défense” de la présidence polonaise dans le détail (articles à paraître)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).