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L’Italie réduit la voilure sur les opérations extérieures. Une majorité écrasante

(crédit : ministère italien de la Défense)

(BRUXELLES2) Le score est sans appel. Après le Sénat, la Chambre des députés a voté, le 2 août, comme un seul homme le "décret de refinancement des missions extérieures" décidé par le gouvernement Berlusconi début juillet. Avec 493 oui, 22 non et 15 abstentions, la majorité est écrasante (le seuil était fixé à 258). Et la question a transcendé les divisions partisanes (pourtant très fortes). Certes quelques députés ont rechigné. Le président Napolitano avait mis en garde contre le risque de ne pas tenir certains engagements internationaux. Mais la pression politique (l'allié du gouvernement, la Ligue du Nord défend une position internationale de repli sur soi) et surtout financière, a eu raison des dernières hésitations.

Un retour sans précédent

D'ici la fin novembre, un peu plus de 2000 militaires seront retirés des théâtres extérieurs (dont 880 en Libye, 700 au Liban, 270 dans les Balkans), ramenant le nombre de soldats italiens déployés hors péninsule de 9250 à 7220. Economie attendue : près de 120 millions d'euros, selon le gouvernement, permettant de ramener la facture de 811 à 694 millions d'euros.

Concrètement, le porte-avions Garibaldi qui participe à l'opération "Unified Protector" au large de la Libye est rentré à la maison. « Il n'y avait plus besoin du Garibaldi, car il n'y a plus la menace de l'air Kadhafi » a estimé le ministre de la Défense La Russa. Et coté italien, on entend mettre fin au gros de l'engagement en Libye fin septembre ; la réduction attendue permet de faire diminuer le coût de l'opération de 142 millions à 58 millions. Même chemin retour pour 700 soldats déployés au Liban ; les Italiens qui avaient initié (avec les Français et plusieurs européens) la Finul II passent la main aux Espagnols.

La seule augmentation envisagée est de l'ordre de 16 millions d'euros pour assurer la protection des soldats engagés en Afghanistan, les forces italiennes ont subi ces dernières mois plusieurs pertes qui ont occasionné une grande émotion dans la péninsule. Mais l'Italie qui a toujours plus de 4000 soldats engagés sur place comptent bien poursuivre ce mouvement de baisse en baissant le contingent sur place l'année prochaine.

Quelles que soient les bonnes (ou mauvaises) raisons, l'Italie signe, ici, un abandon partiel des théâtres extérieurs qui, s'accompagnant d'une baisse du budget de la défense à venir, augure mal des capacités de la péninsule à supporter de nouvelles opérations de maintien de la paix, notamment menées par l'UE.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “L’Italie réduit la voilure sur les opérations extérieures. Une majorité écrasante

  • De La Boisserie

    Bien d’autres Etats européens vont être placés rapidement face aux mêmes obligations de revoir leur voilure en matière d’intervention extérieure !
    Lorsque l’absence de priorités claires conduit à une inflation des engagements, le gendarme budgétaire rattrape rapidement les fauteurs de désordre dans les finances publiques !
    L’heure est plus que jamais venue de prendre acte du poids des dépenses militaires superfétatoires, par manque de volonté politique et par copinages politico-industriels, dans le surendettement des Etats de la zone euro, et d’opérer les ruptures qui s’imposent ! La mutualisation et le partage capacitaires constituent de tout évidence une première réponse à cette situation qui en nécessite bien d’autres !

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