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La piraterie maritime, c’est pas moi !

(BRUXELLES2 à Nicosie) Le commissaire européen Siim Kallas chargé des transports, ne semble pas vraiment concerné par la piraterie maritime. Tombant sur lui (de façon impromptue...) lors de l'inauguration de la présidence européenne, j'ai été quelque peu étonné de sa réponse. Ou plutôt de son défaut de réponse. Je lui ai posé une question, que je pensais anodine : "Que fait, que pense faire la Commission européenne contre la piraterie maritime, pour aider la marine marchande, notamment en matière de gardes privés ?" Apparemment, pour le commissaire, pourtant chargé du Transport (y compris maritime) ce n'est pas vraiment son problème. Et c'est même une question si embarrassante où il a tenté toute les défausses possibles, pour finir par s'esquiver carrément.

Pour Siim Kallas, la piraterie maritime « c'est un problème international, de sécurité, c'est le problème de Me Ashton (*) » a-t-il d'abord cherché à se défausser. En insistant un peu, il se souvient bien que la marine marchande est aussi une question de transports. « Oui un peu en matière de normes de bateaux ». Mais, sans doute effaré de cette audace, il ajoute aussitôt et surtout  « c'est de la compétence des Etats ». Quant à la présence de gardes armés privés à bord des navires marchands, il n'a qu'un mot « c'est militaire, nous ne sommes pas pour cette solution. Et nous nous occupons pas ». Que les législations divergent en matière de droit de retrait des marins face au danger de la piraterie, de gardes privés, cela ne semble pas le préoccuper ni justifier une action de sa part. Je repose ma question, n'étant pas sûr de m'être fait comprendre. Le sourire se crispe. Le silence se fait. Et le commissaire opère un repli tactique vers un convive moins entreprenant.

Dans une version moderne du : "je ne vois rien, je n'entends rien, je ne fais rien", nous avons, sans doute là, une explication de la relative inaction de la Commission européenne en matière de piraterie maritime. Et tant pis pour les marins européens qui croisent dans ces eaux encore dangereuses de l'Océan indien ou du Golfe de Guinée...

(*) Renseignements pris. La question de la piraterie est effectivement traitée par le service diplomatique européen (et apparemment bien pris en charge) mais au niveau de la lutte anti-piraterie (navires sur place, renforcements des capacités maritimes des Etats riverains...) avec les deux missions sur place (Euanvfor Atalanta et, bientôt, Eucap Nestor). Tout ce qui ressort de la normalisation de la marine marchande ressort bien de la DG Transport de la Commission européenne, même si celle-ci se déploie hors de l'Union européenne. C'est d'ailleurs le propre d'un bateau de ne pas rester au port ;-). Désolé Siim !

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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