Politique européenne

Sus aux souverainistes et autres chauvins

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Le président Barroso à la convention des maires sur le changement climatique, avec Arnold Schwarzenegger (crédit : Commission européenne)

(BRUXELLES2) José-Manuel (Barroso) en a marre de servir de punching ball dans la politique nationale française. Il a publié ce midi une déclaration qui entend réagir contre les critiques entendues à son encontre en France après sa sortie sur le mot réactionnaire. Les mots durs de Bertrand Tavernier traitant le président de la Commission d’acte de traitrise et de “salopard” passe mal apparemment (écouter sur la RTBF “Le coup de gueule de Bertrand Tavernier”) comme celui d’Arnaud Montebourg qui estime que “Barroso est le carburant du Front national. Voilà la vérité. Il est le carburant de Beppe Grillo” (écouter l’émission Tous politiques) ont du mal à passer. Le président estime qu’il a été “mal compris” dans sa défense de l’ouverture à la mondialisation comme de l’exception culturelle.

Et une louche d’huile sur le feu

Mais sa déclaration ne devrait pas contribuer à calmer les esprits. Car elle met dans le même sac ceux qui critiquent certaines orientations de la Commission européenne et la voir développer une autre politique et ceux qui ont des positions plus extrêmes et veulent voir l’Europe s’auto-dissoudre. Oser critiquer la Commission devient souverainiste et chauvin. Cette déclaration agglutine la construction européenne, les réformes économiques et la mondialisation comme un tout indissociable. C’est un peu réducteur et dangereux…

« Il est regrettable qu’encore une fois la responsabilité pour certaines difficultés sur le plan de la politique nationale soit renvoyée vers le niveau européen, faisant de la Commission le bouc émissaire.

La Commission n’a aucune intention d’entrer dans les débats de politique interne. Mais elle a le droit et le devoir d’apporter des clarifications et de défendre ses positions.

Sur l’exception culturelle, nous réaffirmons ce que le Président Barroso a dit et redit: l’exception culturelle n’est pas négociable, la culture n’est pas une marchandise, et c’était, c’est et ça restera toujours une ligne rouge. C’est une position de principe que nous ne mettrons jamais en question.

Nous réfutons donc clairement les attaques contre la Commission, qui font un amalgame à propos des déclarations du Président sur certaines positions protectionnistes et qui n’ont pas été correctement reprises, comme si elles étaient une critique sur la France ou l’exception culturelle.

La vérité, c’est que – quand ils attaquent la mondialisation, les réformes économiques, l’Europe et ses institutions – les souverainistes de gauche et de droite ont le même agenda. Il faudrait que certains responsables politiques français abandonnent l’ambigüité vis-à-vis de l’Europe et la défendent davantage vis-à-vis du nationalisme, du populisme, voir du chauvinisme.

La Commission réaffirme que l’Europe demeure le meilleur moyen pour façonner la mondialisation. Il est donc important que nous travaillons ensemble, les institutions européennes et les Etats Membres, pour peser de tout notre poids. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).