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Attaques terroristes à Copenhague : une séquence proche de Paris (maj)

(BRUXELLES2) Trois incidents successifs se sont déroulés à Copenhague entre samedi et dimanche (14-15 février), dont la séquence n'est pas sans rappeler les attentats de Paris des 7-9 janvier. Trois endroits visés, trois endroits symboliques avec le même triptyque qu'à Paris : la liberté d'expression, des juifs, des policiers.

1. Samedi après-midi (15h30), au centre culturel de Krudttønden : 1 mort, 3 blessés

Dans ce centre se déroule une conférence sur "Art, blasphème, liberté d'expression et censure", avec l'artiste suédois Lars Vilks, la Femen ukrainienne Inna Shevchenko, et l'artiste polonaise Agnieszka Kolek (qui vit à Londres et s'occupe de "Passion for freedom"). L'ambassadeur français au Danemark, François Zimeray (ancien député européen et ancien ambassadeur français pour les droits de l'Homme) est également présent. Vilks est sous protection de la police. De nombreux coups de feux retentissent. Lors de l'échange de feux, un civil de 55 ans est tué. On apprendra plus tard qu'il s'agit du réalisateur danois Finn Nørgaard. Deux des gardes du corps du PET - le service de renseignement de la police danoise qui assurent sa protection - et un policier seront blessés. Pris en charge par les services de secours, ils « sont hors de danger » précise la police. L'auteur de l'attaque prend la fuite.

Une chasse à l'homme s'organise. La police mobilise d'importants moyens. Outre la police, le ministère de la Défense mobilise un avion. Le signalement d'un des suspects (à ce moment là, la police soupçonne 2 personnes) repéré par les caméras de surveillance est diffusé. Un jeune de 25-30 ans, peau blanche, avec un anorak et bonnet, portant à la main une arme courte.

Les premières réactions arrivent. Donald Tusk, le président du Conseil européen, affirme que la « détermination (des Européens) à lutter contre toutes formes d'extrémisme est renforcée par de telles attaques. (...) Nous devrons faire face à cette menace ensemble. » Les 28 dirigeants ont adopté jeudi une déclaration fixant une série de priorités allant du PNR européen à la lutte contre la radicalisation ou la coopération avec les pays tiers (lire aussi sur le Club : La lutte contre le terrorisme devient un élément de la politique étrangère. Les 15 axes d’actions de l’UE)

2. Samedi, dans la nuit (0h45). A la synagogue de Krystalgade : 1 mort, 2 blessés

Une personne arrive et commence à tirer. 2 blessés : un policier est touché à la jambe, l'autre dans le bras, leur vie n'est pas engagée. Un autre tir est mortel. Un gardien de la synagogue qui filtrait l'accès est blessé gravement à la tête. Il décèdera quelques heures plus tard. Les policiers répliquent mais l'auteur des coups de feu réussit à s'enfuir

La police recommande aux habitants de Copenhague de rester chez eux, aux cyclistes de circuler et de respecter certaines zones mises sous protection.

3. Dimanche, au petit matin (5h). Dans le quartier de Nørrebro : 1 mort

La police a mis sous surveillance un logement suspect dans le quartier de Nørrebro et surveille toute la zone autour de Mjølnerparken. Selon ce que raconte la police, « un homme arrive qui répond au signalement du suspect. Il ne répond pas aux sommations des policiers puis ouvre le feu, la police réplique et tue l'homme. Aucun blessé n'est signalé parmi les policiers. » L'homme tué serait l'auteur suspect de la fusillade selon les premiers éléments. Une similitude confirmée par le porte-parole de la police dans la journée. « Un jeune homme de 22 ans, né au Danemark, connu de la police pour plusieurs infractions pénales, avec armes et violences » comme d'être liées à des bandes criminelles.  Il était « en possession de deux fusils et portait des vêtements semblables » à celui qui a fait l'attaque de Krystalgade. Lors de leur fouille, les policiers mettront la main « sur des vêtements et une arme automatique qui paraît correspondre à ceux utilisés par l'auteur des coups de feux à Krudttønden ».

NB : ce nouvel attentat devrait, en tout cas, mettre un terme à un certain attentisme, tant au niveau de la Commission européenne que du Parlement européen, qui vont être désormais sous pression des évènements. Car la séquence des attentats ne semble pas être close. Lire aussi :  Lutte contre le terrorisme. Faut pas s’presser !

(NGV)

Mis à jour - 15.02 - 23h avec les dernières précisions de la police danoise

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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