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Nouvel incident avec les garde-côtes libyens (V2)

(crédit : SOS Méditerranée)

(B2) Un nouvel incident a lieu au large de la Libye ce samedi matin (27 janvier), selon les marins et l’équipe médicale de l’Aquarius.

Refus de toute assistance

Le navire affrété par SOS Méditerranée était en mission de recherche d’un canot pneumatique en détresse, sur ordre du centre MRCC de Rome, qui coordonne tous les sauvetages en Méditerranée, quand un navire des garde-côtes libyens est intervenu. Ceux-ci ont ordonné à l’équipage de l’Aquarius se tenir à distance, et refusé toute autre assistance malgré les appels du navire de l’ONG (1). « Nous étions à seulement 100 mètres, l’équipe de MSF a pu voir les visages des gens et entendre leurs cris mais n’a pas été en mesure de fournir de l’aide » précise l’équipe de MSF dans un tweet. L’Aquarius a été forcé de quitter la scène, « la sécurité de l’équipe est primordiale ».

Une mise à l’abri, vraiment ?

Mais d’après ce que les membres de l’ONG ont recueilli, le navire des garde-côtes libyens a ensuite « repoussé les réfugiés et les migrants vers la Libye ». « Cela ne peut pas être considéré comme une « opération de sauvetage », la réalité est que les gens ne sont pas renvoyés dans un port de sécurité » proteste l’ONG.

NB : ce n’est pas la première fois que ce type d’incident. L’un particulièrement notable avait lieu début novembre (lire : 5 morts au large de la Libye. Les garde-côtes libyens mis en accusation), au point que cela avait suscité des doutes officiels sur la formation des garde-côtes libyens par les Européens. Les garde-côtes libyens ne sont pas à la hauteur » soulignait un officiel européen (lire : Migrants en Libye : l’UE n’a pas à rougir de son rôle. Un problème avec les garde-côtes libyens ?).

Un incident dans les eaux territoriales

Précisons que cet incident s’est déroulé à une distance de 15 milles marins des côtes libyennes donc rigoureusement dans les eaux internationales (hors de la limite territoriales 12 milles marins des côtes). Par ailleurs, aucune zone libyenne de secours n’a été à ce jour reconnue par l’Organisation Maritime Internationale, sur laquelle les navires libyens auraient une responsabilité dans les opérations de secours et de sauvetage (SSR, Search and rescue region) contrairement à ce que prétendent parfois les autorités libyennes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).