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La France n’abandonne jamais ses ressortissants. Audace et entraînement

(B2) C'est un précepte français qui a peu d'équivalents dans le monde — mis à part les Israéliens, les Russes et les Américains —, la France n'hésite pas à déployer des moyens importants pour venir au secours de ses ressortissants en danger à plusieurs milliers de km de Paris. Au besoin, elle intervient par la force, avec des moyens militaires conséquents pour récupérer des otages.

(crédit : Ministère de la Défense / DICOD - EMA)

Dans de telles hypothèses, la plupart des autres pays (Allemagne, Italie, Pologne, Suède, Suisse par exemple) préfèrent négocier et payer des rançons pour obtenir la libération des otages plutôt que de risquer la vie de leurs militaires (et des otages).

L'audace et la préparation

La France consent lors de ses opérations à des moyens conséquents, mêlant l'acquisition du renseignement avec des moyens technologiques à distance (satellites, écoutes, drones, avions de chasse...) ou des moyens humains (collecte d'information, déploiement d'agents, etc.), des moyens d'intervention (hélicoptères, avions, navires le cas échéant) et des hommes. Le posé d'assaut, le largage en parachute, la nage sous l'eau, les tirs de précision voire, même, le corps à corps sont quelques unes des techniques spéciales auxquels les hommes (et femmes) des commandos marine et autres forces d'intervention (comme le GIGN...) sont régulièrement entraînées. L'intervention à la française est ainsi faite d'un mélange de préparation et d'audace.

La doctrine française d'intervention

La ministre des armées Florence Parly a résumé cette doctrine : « Ceux qui s'attaquent à la France et aux Français savent que nous n'économiserons aucun effort pour les traquer, les trouver les neutraliser, jamais nous n'abandonnons nos concitoyens. Tout ce que nous savons, nous l'utilisons. Tout ce qui est en notre pouvoir, nous le faisons. »

Le risque d'un échec accepté

Parfois, ces interventions se soldent par un échec, comme au Niger en janvier 2011, où les jeunes otages meurent lors de l'intervention, ou en Somalie en janvier 2013 quand la tentative de libération de l'agent de la DGSE Denis Allex se solde par la mort de deux autres militaires. Bien souvent, cela paie. C'est le cas lors de l'intervention sur le Ponant en avril 2008, sur le Carré d'As en septembre 2008 et sur le Tanit en avril 2009 (avec malheureusement la mort d'un otage). Interventions menées par le même commando Hubert dont étaient membres les deux militaires tués au Burkina Faso (+ le GIGN pour le Ponant). Les pertes dans les rangs des militaires intervenants font aussi partie des risques pris par les autorités, un prix du sang accepté par la population française. Ce qui est une différence notable avec certains pays qui répugnent à ce modus operandi expéditionnaire.

Un mode d'action dissuasif

Pour Paris, il s'agit non seulement de libérer des ressortissants français, mais aussi d'envoyer un message aux apprentis ravisseurs : quand ils prennent en otages des nationaux français, ils risquent de ne pas pouvoir en tirer profit et de périr avant la fin de leur forfait. Cette stratégie a payé dans le passé. Dans l'Océan indien, après les premières interventions, les pirates somaliens fuyaient comme la peste le drapeau tricolore à trois bandes, préférant attaquer d'autres nationalités 'plus sûres' (lire : Le récit des Chandler : les pirates redoutent toujours les Gaulois !)

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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