Battlegroups. Des trous dans le planning
(B2 - exclusif) La force de réaction rapide de l'Union européenne continue de subir des avatars. Le dernier planning connu est riche d'enseignements. Les 'trous' ou faiblesses demeurent
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Les États membres répugnent toujours à s'engager pour tenir la permanence. Rappelons que selon la doctrine européenne, il est nécessaire d'avoir deux groupements tactiques 1500 (GT 1500) de permanence chaque semestre. L'objectif est loin d'être atteint.
Une permanence de façade début 2020
Ainsi, au premier semestre 2020, un seul groupement tactique 1500 (GT 1500 l'autre nom du battlegroup) sera d'astreinte : le Helbroc dirigé par la Grèce, avec la Bulgarie, la Roumanie, avec la participation de la Serbie et de l'Ukraine. Autant dire, vu les faiblesses financière et logistique des pays qui y participent, une disponibilité quasi zéro pour une intervention extérieure.
Des trous dans la raquette en 2021 et 2022
Pour les deux années suivantes, en 2021 et 2022, sur les huit 'slots' à remplir, deux seulement sont effectifs. L'un par l'Italie (au 2e semestre 2021), l'autre par l'Espagne (au 2e semestre 2022). C'est-à-dire un seul battlegroup de permanence. Aucun slot n'est rempli au 1er semestre 2021 et au 1er semestre 2022. Cela veut dire que la réponse rapide européenne n'existera pas. Sauf changement.
Certes cela parait loin. Mais traditionnellement c'est au moins avec un ou deux ans d'avance que les pays annoncent leur engagement. Il faut ensuite parfaire la composition de celui-ci avec les autres nations et commencer les entraînements et certifications qui s'étalent au moins sur neuf mois précédant la prise de fonction.
Visegrad et France de permanence à partir du 1er juillet
Enfin, dans l'immédiat, au second semestre 2019, deux battlegroups sont disponibles. Cela parait formidable. Mais quand on regarde dans le détail, on peut être assez inquiet. Le premier battlegroup est dirigé par le Visegrad, donc avec une profondeur d'action très limitée au plan géographique et tactique (pour être poli).
Le second est assumé entièrement par la France, sans aucun autre soutien. Ce qui le rend plus pointu, autonome et rapide d'action, mais ne répond plus au concept de bataillon multinational. Vu les capacités françaises déjà à flux tendus (les besoins au Sahel restant au plus haut notamment), son départ nécessiterait un très fort engagement politique, d'autant que le système français d'alerte rapide (Guépard) se superpose au système européen. A moins que Paris ne profite de cette proximité pour « habiller » fort habilement une opération nationale en une opération européenne.
Ce qui serait déjà un succès pour cette force européenne en attente qui n'a jamais été employée depuis sa création en 2007, malgré les besoins et plusieurs sollicitations.
(Nicolas Gros-Verheyde)