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La circulation dans le détroit d’Ormuz compromise. Les Européens en soutien à Londres

(B2) L'arraisonnement par les Gardiens de la révolution iraniens du Stena Impero dans le détroit d'Ormuz a provoqué des réactions en cascade

Le tanker Stena Impero naviguait vers l'Arabie saoudite quand les militaires iraniens sont intervenus dans l'après midi de vendredi (19 juillet) pour le stopper. Comme à la parade, des hommes masqués issus des commandos des gardiens de la révolution descendent le long d'un filin de l'hélicoptère qui les transportait, tandis qu'une vedette rapide entourait le bateau. La vidéo livrée par les Iraniens est assez impressionnante.

Du côté iranien, on justifie cette intervention par une collision du navire battant pavillon britannique, mais propriété d'un armateur suédois, avec un bateau de pêche. Mais c'est plus certainement l'arraisonnement d'une manière identique par la marine britannique d'un navire iranien au large de Gibraltar, soupçonné de trafic de pétrole vers la Syrie qui en est plutôt la cause. Le navire, ainsi que son équipage formé de 23 marins, en grande partie Indiens, mais aussi Russes, Lettons et Philippins, ont été déroutés vers l'Iran.

Un acte hostile et agressif

Les Britanniques ont convoqué un comité Cobra (réunion d'urgence des principaux responsables de sécurité). « C'est un acte hostile, agressif [et] illégal » a confirmé la ministre britannique de la Défense, Penny Mordaunt, sur Sky News. « Le navire était à ce moment dans les eaux omanaises. » La frégate britannique HMS Montrose qui se trouve actuellement dans le détroit se trouvait à peine à une heure du Stena Impero, a-t-elle précisé, démentant ainsi la proximité supposée de la frégate royale : dix minutes selon la presse.

L'Iran est parti dans un sens opposé à la désescalade

« Je viens juste de parler avec le ministre iranien des Affaires étrangères Zarif (je lui) ai exprimé ma déception extrême après qu'il m'ait assuré samedi dernier, que l’Iran voulait désamorcer la situation [et] ils se sont comportés dans le sens opposé » a souligné le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt, par twitter, en fin de matinée ce samedi. Et d'ajouter : « Les navires doivent et veulent être protégés ».

Le soutien de plusieurs pays européens à Londres

Plusieurs pays (France, Allemagne, Pays-Bas) ont apporté tout leur soutien au Royaume-Uni. Le Quai d'Orsay a ainsi condamné « fermement » la saisie du navire et demandé la libération du navire et de l'équipage, comme de « respecter la liberté de navigation ». Une demande identique côté européen pour les deux navires saisis par Téhéran. Un deuxième navire, le MV Mesdar, battant pavillon du Libéria et propriété britannique, avait été capturé. Mais il a été libéré rapidement et a repris sa route vers l'Arabie Saoudite, sa destination originale.

Un moment sensible

Cette affaire tombe à un moment en effet on ne peut plus sensible, alors que l'accord sur le nucléaire iranien est en péril. Washington continue à mettre sa pression et Téhéran, mécontent de ne pas toucher les dividendes de son effort en matière de respect de l'accord, a décidé de dépasser, de façon limitée (pour l'instant), les quotas autorisés d'eau lourde. « Dans une situation déjà tendue, cette évolution comporte des risques d'escalade. Cela compromet les travaux en cours pour trouver un moyen de résoudre les tensions actuelles » réagit Maja Kocijancic, la porte-parole du service diplomatique européen, au nom de la Haute représentante de l'UE.

(NGV)


Le sort de Nazanin Zaghari-Ratcliffe

Autre chef de préoccupation pour les Britanniques, le sort de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, une gestionnaire de projet à la fondation Thomson Reuters, à double nationalité britannique et iranienne, arrêtée le 3 avril 2016 et détenue en Iran donc depuis plus de trois ans. Jeremy Hunt n'a pas caché sa préoccupation face à son transfert « cette semaine dans un hôpital des gardiens de la révolution. Nous espérions que cela signifiait qu'elle avait besoin d'un traitement médical, mais le fait qu'elle ait été coupée du contact avec sa famille est un motif d'inquiétude énorme pour nous. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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