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Regain de tensions entre Ossétie du Sud et Géorgie. La ‘borderisation’ en cause

(B2) La mise en place d'une frontière physique plus dure sur certains points de la limite entre l'Ossétie du Sud et la Géorgie fait remonter la tension dans cette ex-république soviétique

Patrouille de véhicules de la mission d'observation de l'UE dans la forêt de Chorchana (crédit : EUMM Georgia)

Une réunion de médiation qui tourne court

La réunion prévue de l'IRPM (le mécanisme d'alerte et de médiation) à Ergneti jeudi (29 août) regroupant toutes les parties concernées (Russes, Géorgiens, Ossètes) a tourné court. La confrontation a remplacé la discussion, selon nos informations. Et elle n'a pu aboutir à la décrispation espérée. Point confirmé entre les lignes par le communiqué officiel diffusé après la réunion par la mission d'observation de l'UE présente dans la région depuis l'intervention russe de l'été 2008.

« The meeting was marked by a series of intense exchanges on the topic of Tsnelisi between participants. Regrettably it was impossible to complete discussions on all agenda points as the meeting was disrupted. »

La 'borderisation'

Depuis plusieurs semaines, la 'borderisation', terme issu de l'anglais 'border' (frontières), menace les relations entre la Géorgie et la province sécessionniste d'Ossétie du Sud. Les Ossètes ont entamé un durcissement de leur frontière. Près de Gugutiantkari, une nouvelle clôture a ainsi été installée, plus rigide. Cela « divise davantage les communautés » a souligné le chef de la mission européenne d'observation de l'UE (EUMM Georgia). Erik Hoeg a fait une inspection du terrain mercredi (28 août) en compagnie des deux co-présidents (ONU et OSCE) du groupe de discussions de Genève (GID).

Visite des coprésidents du groupe de discussion de Genève, le long de la frontière qui s'est durcie (crédit : EUMM Georgia)

Entre Tsnelisi côté ossète et Chorchana côté géorgien, la situation s'est brutalement aggravée également avec l'arrivée de matériel lourd militaire russe, de blindés, de forces armées, etc. Tandis que les Géorgiens répliquaient avec l'installation d'un poste mobile de contrôle de la police.

Une situation inacceptable

« La situation autour de Chorchana, comme la proximité étroite d’acteurs armés des deux côtés de la limite administrative (ABL) et le langage de confrontation utilisé aujourd'hui lors de la réunion de l'IRPM  sont inacceptables » a déclaré Carl Hartzell, l'ambassadeur de l'UE à Tbilissi, dans un message transmis à deux heures du matin sur twitter. « Nous attendons à ce que toutes les parties fassent preuve de la plus grande retenue et usent de leur influence pour que la situation ne dégénère pas ».

Un appel au calme

La situation empêche de dormir (au propre et au figuré) les diplomates en charge du dossier. Le message a été transmis au gouvernement de Tbilissi de ne pas en rajouter. « Heureusement la Géorgie a un comportement assez responsable » nous précise un diplomate européen. Des coups de fils ont aussi été passés, selon nos informations, à quelques responsables russes à Bruxelles et Moscou pour leur demander de calmer leurs troupes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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