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Belgique. Les militaires quittent la rue, la police prend le relais

(B2) La police belge assure désormais seule la surveillance dans tous les transports publics, aéroports, métros et gares, dans le pays. Elle remplace les militaires appelés en renfort au plus fort de la vague terroriste entre 2015 et 2016

Tous les militaires seront retirés de la rue avant la fin de l'été 2021 (crédit : MIL Belgique / Sedeyn)

La fin de six années de patrouille

Ceci met un terme à six années de présence notable de personnel militaire dans les rues belges. Une présence exceptionnelle au plat pays. Jamais depuis la 2e guerre mondiale, les militaires n'avaient été déployés sur le sol belge. Leur action était réservée à l'extérieur (contrairement à la France qui vit depuis presque une trentaine d'années au rythme des différents plans Vigipirate). L'opération belge, dénommée 'Vigilant Guardian', a été déclenchée au lendemain des attentats de Paris de janvier 2015 et du démantèlement 'musclé' d'une cellule terroriste à Verviers, démontrant des liens étroits entre les deux pays. Elle a été renforcée après les attentats deu Bataclan de novembre 2015 et, surtout, après les attentats à Bruxelles le 22 mars 2016.

Un retour progressif

Le retour des militaires dans leurs casernes a été décidé fin 2020. Cela a commencé avec l'aéroport de Charleroi Gosselies, puis les institutions européennes le 1er février. L'étape franchie jeudi concerne les autres aéroports, métros et gares. Un certain nombre d'ambassades et d'autres institutions suivront plus tard cette année. : les policiers reprenant leurs tâches habituelles de patrouille et de surveillance de certains lieux assurés. Un retrait souhaité par l'armée, des militaires au sommet. Le chef de la Défense belge, le vice-amiral Michel Hofman, l'avait dit clairement face aux députés belges le 21 octobre dernier, lors d'une audition en commission de la défense : « N'est-il pas grand temps de trouver une solution structurelle après près de six ans de présence militaire en rue ? », comme le signale l'agence Belga. Une déclaration très conforme à la volonté politique du nouveau gouvernement de la coalition Vivaldi.

Lié à l'évaluation de la menace

Ce retrait est organisé « en tenant toujours compte de l'analyse de menaces de l'OCAM » assure-t-on à la défense belge. Un niveau de menace estimé à 2 en ce moment, à l'exception d'un certain nombre de cibles potentielles pour lesquelles le niveau de menace 3 (sur une échelle de 4) reste en vigueur (comme la communauté juive d'Anvers par exemple). L'objectif est — si rien ne change — de pouvoir assurer la relève complète par les Polices fédérale et locale d'ici le 1er septembre 2021.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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