Actu BlogAfrique Ouest - SahelMissions Opérations

[Actualité] L’opération d’évacuation des ressortissants français et européens du Niger. Sans heurt. Dernier bilan (v5)

(B2) Déclenchée dans la nuit de lundi (31 juillet), l’opération d’évacuation a débuté. Menée essentiellement par la France, avec l’Italie. Au profit des autres ressortissants européens présents sur place.

Avions A330 et MRTT sur la base d’Istres (Marseille) (Photo : BA25 / DICOD)

Objectif : « faciliter le départ des ressortissants qui souhaitent quitter le Niger ». Si les Français sont concernés en priorité, tous les Européens qui le souhaitent pourront aussi être évacués par les moyens français. Les Allemands (moins de 100), Belges et Néerlandais (environ 25) devraient notamment être évacués par cette voie.

Des avions blancs et gris uniquement

Deux avions de type A330 — l’un en version passagers, l’autre en version MRTT — se sont déjà posés sur l’aéroport civil de Niamey : le premier dès 2h30 du matin dans la nuit de lundi à mardi. Un autre avion est en route. Trois avions partis du « Sud de la France » a indiqué l’état-major des armées (NB : de la base aérienne 25 d’Istres normalement).

L’opération s’est effectuée avec l’accord des autorités en place, c’est-à-dire essentiellement les militaires auteurs du coup d’État. « Des contacts ont été pris avec les forces nigériennes et les Nigériens responsables de l’aéroport » précise-t-on à Paris.

À bord, les équipages des aéronefs uniquement. Les militaires français présents sur place — sur la partie militaire de l’aéroport — servent d’appui et de coordination. Mais les ressortissants doivent « rejoindre l’aéroport par leurs propres moyens ».

NB : un dispositif « léger » qui contraste à dessein avec celui utilisé pour l’évacuation du Soudan. L’objectif est en effet de procéder en douceur pour éviter tout ce qui pourrait apparaitre comme une provocation. Sont donc bannis (pour l’instant) les avions kakis de transport stratégique (A400M) ou tactique (C130J). Les militaires n’iront donc pas non plus récupérer en ville les ressortissants.

L’attaque contre l’ambassade fait déclencheur

Ce sont en bonne partie les évènements de dimanche (30 juillet) avec les manifestations violentes et l’attaque contre l’ambassade de France, ainsi que la fermeture de l’espace aérien, qui ont changé le mot d’ordre à Paris, faisant pencher pour une évacuation rapide des ressortissants.

Le durcissement du ton entre la junte au pouvoir à Niamey d’un côté, la CEDEAO et les Européens de l’autre, comme les arrestations de plusieurs responsables du gouvernement légitime nigérien n’ont fait que confirmer cette option. Opération annoncée par la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna et un communiqué du Quai d’orsay mardi 1er août.

Un mot d’ordre européen

Un mot d’ordre concerté et suivi au niveau européen. Plusieurs capitales (Berlin, Madrid, Rome, Bruxelles, La Haye, Vienne) ont ainsi conseillé à leurs ressortissants de partir sans tarder.

Déclenchée dans la nuit de dimanche à lundi (31 juillet), l’opération française s’est montée à partir du dispositif présent en Afrique. Elle est notamment coordonnée depuis les éléments français déployés au Tchad qui assurent le commandement régional.

Des moyens italiens sont prévus. Le gouvernement italien a « offert à ses concitoyens présents à Niamey la possibilité de quitter la ville par un vol spécial vers l’Italie » a confirmé le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani sur Twitter.

Pas d’évacuation des militaires, pour l’instant

L’évacuation des 1500 militaires français présents dans le pays — notamment à Niamey et dans la zone des trois frontières (avec le Mali et le Burkina) n’est cependant « pas prévue pour l’instant » indique l’état-major des armées françaises. En revanche, toutes les opérations de partenariat sont « suspendues ». Ce, « en attendant le retour de l’ordre constitutionnel ». Elles « s’inscrivent [en effet] dans un accord avec les autorités légitimes »

(mis à jour)

Premiers rapatriés à Paris et Rome

Deux premiers vols ont déjà atterri à Roissy Charles de Gaulle (Paris) dans la nuit de mardi (1er août), permettant l’évacuation de 350 Français et des ressortissants d’une dizaine de nationalités (Autriche, Belgique, Canada, USA, Portugal, Éthiopie, Inde, Liban, Niger) annonce le quai d’Orsay, mercredi matin. Deux autres vols ont eu lieu mercredi (2 août). Un cinquième et dernier vol a eu lieu jeudi (3 août), portant le total d’évacués à 1079 personnes : 577 ressortissants français et et près de 500 ressortissants étrangers de 50 nationalités différentes. Un des vols a été médicalisé par des médecins de la sécurité civile afin de prendre en charge des cas médicaux.

Des Européens de quasiment toute l’Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Portugal, Suède, Pays-Bas, Espagne, Finlande, Roumanie, Danemark, Luxembourg, Pologne, Slovaquie, Suisse, Géorgie, Royaume-Uni) ont ainsi pu regagner le continent. Des ressortissants d’Afrique (Bénin, Sénégal, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali, Nigéria, Tchad, Congo, Ethiopie, Botswana, Cameroun, Cap-Vert, Gabon, Côte d’Ivoire, Maroc, Mauritanie, Togo, Tunisie), d’Amérique (États-Unis, Canada, Brésil, Colombie, Bahamas), d’Asie (Inde, Japon, Vietnam, Corée du Sud), d’Océanie (Australie) et du Moyen-Orient (Liban, Turquie, Turquie) ont également été évacués.

Côté italien, un Boeing 767 de l’Aeronautica militare a atterri à Rome, mercredi (2 août) matin, avec à son bord 87 personnes : 36 Italiens (dont l’ambassadrice italienne à Niamey), 21 Américains (dont 14 religieux), 4 Bulgares, 2 Autrichiens, 1 Hongrois, 1 Nigérian, 1 Nigérien et 1 Sénégalais selon l’agence Ansa.

Des personnels européens ont également été rapatriés. L’évacuation s’est déroulée sans heurt pour l’instant (lire aussi : [Commentaire] Une opération moins complexe qu’au Soudan et en Afghanistan).

Une évacuation soutenue par le mécanisme de protection civile de l’UE. Celui-ci financera ainsi 75 % des coûts de transport de la France qui a demandé l’activation du mécanisme.

Une « coopération simple et pragmatique en temps de crise, qui montre ce que l’Europe peut faire ensemble » a commenté la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock remerciant son homologue française C. Colonna.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour – Précisions pour l’évacuation des Italiens et Néerlandais – Premier bilan des rapatriés (2.8 matin) – Galerie photos – soutien européen (2.8 midi) – deuxième bilan et bilan définitif (3.8)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “[Actualité] L’opération d’évacuation des ressortissants français et européens du Niger. Sans heurt. Dernier bilan (v5)

  • Il faudra tout de même – a posteriori – comprendre pourquoi le Gouvernement français a organisé aussi légèrement ce “re-positionnement stratégique” dans un pays dont les structures politiques se sont avérées d’une confondante fragilité et vulnérabilité. Notamment pourquoi, ce Gouvernement a décidé de transférer au Niger une partie du contingent installé au Sénégal où réside une important communauté française et bi-nationale.

    Il est dommage qu’aucun reportage ne soit en mesure de mettre à jour l’implication russo-wagnérienne non seulement dans le coup lui-même mais aussi dans les manifestations de rue anti-françaises.

    Il serait également utile de rappeler que la première mission du contingent français au Niger, en Centre Afrique, etc… était de stopper l’avancée du terrorisme islamique. Faute de coopération possible avec les forces locales, cette mission a effectivement échoué. mais cela aussi n’était-il pas prévisible ?

Commentaires fermés.