[Actu Blog] Le premier exercice Livex de l’Union européenne. Navires, avions, forces spéciales en action (v2)

(B2) Un pays tiers a demandé l’aide de l’UE. Les Européens décident d’intervenir. Il faut débarquer sur une plage, sécuriser un port, puis avancer de façon terrestre.

C’est le scénario que jouent depuis hier (lundi 16 octobre) quelque 2800 militaires de neuf États membres (Autriche, Espagne, France, Hongrie, Irlande, Italie, Malte, Portugal, Roumanie) au large de Cadiz en Espagne.

Objectif : « simuler l’entrée sur un théâtre non permissif pour protéger et défendre les intérêts des ressortissants de l’UE » comme l’explique la marine nationale.

Un test de la future capacité de déploiement rapide

L’exercice se joue sur terre, mer et air, mobilisant navires, hélicoptères et même deux avions Eurofighter espagnols, à proximité de la base de La Rota. Avec un commandement stratégique situé à Bruxelles. Enjeu de ce premier exercice militaire (Milex 23) qui durera jusqu’au 22 octobre : tester en grandeur nature ce que pourrait la future capacité de déploiement rapide de l’UE dans un scénario de « phase initiale de stabilisation ». Avec des personnels réels sur le terrain : d’où le nom de Livex 23 (1). Le tout étant financé en partie par la Facilité européenne pour la paix.

Des militaires venus de neuf pays

En mer, ont ainsi participé à cet exercice, six navires : le navire d’assaut amphibie Juan Carlos I (L-61), le navire de transport amphibie Castilla (L-52) et la frégate Numancia (F-83), côté espagnol, le porte-hélicoptères Tonnerre (L-9014) et le chasseur de mines Croix du Sud (M-646) coté français et la frégate portugaise Francisco de Almeida. A bord, un bataillon de débarquement espagnol, un sous-groupe tactique français, une section de la fameuse brigade ‘San Marco’ italienne, une section de Fuzileiros (fusiliers-marins) portugais et une équipe médicale maltaise.

Sur terre, ont joué leur rôle un groupe tactique de la brigade des Canaries, un peloton d’infanterie autrichien, une compagnie de sapeurs française, des équipes roumaines et hongroises de neutralisation des explosifs et munitions (EOD) et une équipe hongroise de contrôle aérien-tactique (TACP). Avec pour les opérations spéciales : une équipe espagnole et une équipe irlandaise.

En l’air, outre les drones désormais classiques dans l’engagement, se sont positionnés des hélicoptères roumains et français, deux avions Eurofighter espagnols, des avions de patrouille maritime portugais et français, ainsi qu’un élément de commandement et de contrôle de l’armée de l’air et de l’espace espagnole.

Prochain exercice : en Allemagne

Une démonstration en présence du Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, du président du comité militaire de l’UE, le général Robert Brieger, et de quelques autres hauts gradés, dont le chef d’état-major de la Défense espagnole (JEMAD), l’amiral général Teodoro E. López Calderón. Le prochain exercice se déroulera en Allemagne au second semestre 2024. Avec un scénario bâti autour d’une opération de sauvetage et d’évacuation ou d’une mission de soutien à l’assistance humanitaire et de secours après une catastrophe. L’ambition restant toujours d’avoir une capacité de déploiement rapide opérationnelle en 2025, comme l’ont décidé les 27 en adoptant leur Boussole stratégique en mars 2022.

Commentaire : une belle prouesse

Le seul regret c’est à quelques centaines de miles nautiques de là, cette force aurait pu jouer un autre rôle, face à Israël et Gaza, ne serait-ce que pour contribuer à évacuer les Européens existants, ou au besoin faire une démonstration de présence. Cela aurait eu beaucoup d’intérêt, de puissance et de panache. C’est à l’épreuve du feu souvent qu’on bâtit le mieux une capacité.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec OJ)

1. Il y a déjà eu un autre Livex en Espagne, en avril 2018, afin de « certifier » le quartier général de Rota. Mais il n’avait pas la même dimension en termes de moyens et hommes engagés, ainsi que de pays participants.

mis à jour – avec le détail des forces participantes (Air, Terre, Mer)