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[Actualité] Au moins deux groupes pirates déployés dans l’Ouest de l’Océan indien, alerte Atalanta

(B2) Plusieurs attaques de pirates, parfois couronnées de succès, se sont succédé dans l’Océan indien et au large de la Somalie depuis six mois. Et le risque pourrait augmenter dans les mois qui suivent avertissent les responsables de l’opération maritime européenne anti-piraterie.

La fin de la période des moussons = risque redoublé d’attaque

Depuis fin novembre 2023, de multiples incidents de piraterie et de détournements ont eu lieu dans le bassin somalien. Récemment, il y a eu une « augmentation notable des événements signalés ». Et les attaques de piraterie au large des côtes somaliennes pourraient connaitre une embellie avec l’amélioration de la météo. La « fin de la période de mousson pourrait faciliter davantage les activités de piraterie dans la région » avertit le dernier bulletin maritime d’analyse des menaces de l’opération européenne EUNAVFOR Atalanta.

Un risque sérieux

La possibilité d’attaques dans le Golfe d’Aden « ne peut être écartée, principalement dans la partie Est », indique ce bulletin maritime. La menace est aujourd’hui considérée comme « modérée ». Mais elle doit être très sérieusement prise en compte par les navires marchands qui doivent redoubler d’attention dans l’Océan indien et le golfe d’Aden « en particulier ceux se trouvant à moins de 700 milles marins de la côte somalienne ».

Au moins deux groupes pirates

Au moins deux groupes d’action pirates (PAG) sont en ce moment à l’œuvre au large des côtes somaliennes, dans la zone autour de l’île de Socotra (Yémen) et à 500 milles nautiques à l’est de cette île dans la mer d’Arabie. Un boutre iranien, le Al Fajr 2, a été attaqué le 13 mai ; les pirates prenant du carburant et des marchandises avant de fuir la zone en libérant le boutre. Or, il y a souvent des « attaques notables contre des navires marchands dans les douze jours qui suivent les rapports de détournements de boutres ».

Six à sept boutres aux mains des pirates

Ils disposent d’un certain nombre de boutres (ou dhows), qui peuvent leur servir de bateaux-mères. Au moins « 18 boutres en effet ont été détournés ». Certains ont été libérés. Mais « six à sept d’entre eux pourraient encore être entre les mains des pirates ». Les informations sur ces navires sont parcellaires.

Plusieurs camps pirates sur la côte somalienne

L’opération dispose aussi d’informations plus précises en revanche sur les bases pirates en Somalie. Plusieurs camps possibles ont ainsi été identifiés sur les côtes somaliennes « entre Xaafuun et le village de Garacad, avec un point chaud au nord d’Eyl ». Là où le MV Ruen et le MV Abdullah piratés ont été « retenus au mouillage depuis plusieurs semaines ».

Le mode opératoire des pirates

La stratégie typique des pirates implique la saisie et le détournement d’un boutre, qui est ensuite utilisé comme navire-mère. Celui-ci « se fonde ensuite dans le trafic habituel et déploie des skiffs », chacun transportant plusieurs individus armés, doté de moteurs souvent assez puissants. Cette tactique — bateau-mère + skiffs — permet d’attaquer les navires jusqu’à des distances parfois très éloignées des côtes somaliennes. Ils peuvent ainsi « naviguer jusqu’à 600 milles marins ou plus, au large de la côte est de la Somalie ».

Sans réponse ferme d’un navire, les pirates passent à l’assaut

« Si le navire ciblé ne peut pas repousser l’attaque, les pirates peuvent choisir de monter à bord du navire » avertissent les militaires européens. « Une fois qu’un navire est saisi, il est très probablement emmené sur la côte somalienne et y est retenu pendant les négociations pour obtenir une rançon. »

Attention aux rançons, un cercle vicieux peut se créer

Le récent détournement du MV Abdullah s’est ainsi terminé par la libération du navire contre une rançon. Le paiement de rançons pourrait « créer une nouvelle vague de détournements de boutres qui, à leur tour, créeraient de futures attaques de skiffs sur des navires marchands », avertit Atalanta. Le risque d’un nouveau cercle vicieux permettant la renaissance d’une piraterie bien active est donc à prendre au sérieux.

(Nicolas Gros-Verheyde)


Au bilan, plusieurs attaques ces derniers mois

Trois navires marchands ont été attaqués, dont l’un est resté sous contrôle pirate pendant près d’un mois : le MV Abdullah, capturé le 12 mars, n’a été libéré que le 14 avril. Trois autres navires ont signalé des approches suspectes autour de Socotra et à l’est de l’île en mer d’Arabie.

Une attaque de piraterie a échoué, le 10 mai, contre le Chrystal Arctic, à 100 nautiques au nord de Bossaso (lire : [Actualité] Une attaque pirate au large de la Somalie échoue. Pirates blessés et arrêtés v3).

Un porte-containers, le MV Propel Progress, battant pavillon panaméen, a signalé une approche suspecte, lundi (13 mai), près des côtes somaliennes, au sud-est de Mogadiscio. NB : il est arrivé sain et sauf à Kismayo en Somalie le 15 mai.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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