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L’UE fait un petit geste envers la Transnistrie moldave

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bâtiment du Justus Lipsius, Bruxelles
(BRUXELLES2) Les 27 Ministres des Affaires étrangères ont décidé, lundi, de reconduire les sanctions contre les dirigeants de la Transnistrie - cette république autoproclamée de Moldavie dont l'indépendance n'est reconnue par personne. Mais ils ont fait un geste : trois personnes ont été retirées de la liste (1). Et, faut-il souligner, ces sanctions (2) sont surtout politiques ; elles restent  suspendues jusqu'à fin septembre, où elles seront "réévaluées à la lumière de l'évolution de la situation". Les 27 entendent ainsi favoriser la reprise du dialogue entre Moldaves de part et d'autre du Dniestr. Dans des conclusions, ils saluent ainsi la « légère évolution positive qu'a connu le processus de règlement du problème transnistrien au cours des derniers mois. Le nouveau gouvernement de la République de Moldavie et les dirigeants de facto de la Transnistrie se montrent davantage disposés à engager le dialogue » (3). (crédit photo : NGV - Tiraspol "capitale" de la Transnistrie)

Timide reprise. Les relations entre les deux parties de la Moldavie qui ont fait scission en 1992, après une guerre sanglante ont connu une succession de haut et bas. L'heure est
actuellement à la détente. Le dialogue 5+2 (Moldavie, Transnistrie, Russie, Ukraine et OSCE, + UE et Etats-Unis) a
repris, cahin, cahan,  en avril 2008 (Lire : Entre la Moldavie et la Transnistrie, un timide rapprochement ...). L'arrivée d'un nouveau gouvernement en Moldavie, moins dogmatique, a permis quelques avancées plus concrètes. Ainsi des discussions ont été ouvertes à la mi-février 2010 pour rétablir complètement le trafic sur la ligne de chemin de fer, qui vient de Russie et d'Ukraine, passe en Transnistrie vers la Moldavie. Trafic interrompu ou très réduit depuis 2006 : quelques trains de frets et un train voyageur Chisinau-Moscou par jour. De l'autre, le "président" de Transnistrie, Igor Smirnov, qui craint par-dessous tout de se faire lâcher en rase campagne, n'hésite pas à faire quelques déclarations provoquantes. Il a ainsi appelé, récemment, ses amis russes à renforcer leur contingent sur le territoire transnistrien, demandant un retour aux 2400 hommes du début et à l'arrivée d'un peloton d'hélicoptères (4). Il a également proposé aux Russes d'installer des missiles Iskander, pour faire pièce au projet anti-missiles américain en Roumanie ou Bulgarie. Propositions, pour l'instant, rejetées par les Russes.

Garder un oeil sur les balkans de l'Est. L'attention des Européens (de l'Ouest) est, en général, peu portée sur cette région à l'est de nos frontières. Mais nous devrions y prêter davantage d'attention ; plusieurs évènements récents peuvent être facteurs d'une évolution. D'un coté, le nouveau gouvernement (provisoire) en Moldavie, qui affiche comme volonté de s'arrimer à l'UE ; la volonté du gouvernement roumain de militer en faveur de l'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne ; l'arrachage des barbelés début février, datant de 1944, entre la Roumanie et la Moldavie et le rétablissement de voies de circulation bloquées depuis des années, est un geste symbolique et concret pour les habitants de la région (autant sans doute que l'ont été d'autres arrachages de barbelés dans les pays de l'Est en 1989). D'un autre coté, l'arrivée d'un gouvernement pro-russe en Ukraine.

(1) Les trois personnes retirées sont:
- Grigory Stepanovich Marakutsa : 67 ans, ancien "président du Soviet suprême”, “représentant spécial du Soviet suprême pour les relations interparlementaires”. (1er alinea)
- Viktor Pavlovich Zakharov : 62 ans, ancien “procureur de Transnistrie”. (1er alinea)
- Galina Vasilyevna Urskaya : 52 ans, ancienne “ministre de la justice”. (2e alinea)

(2) Selon la décision de 2003, reconduite chaque année : « Les États membres prennent les mesures nécessaires pour empêcher l’entrée ou le passage en transit sur leur territoire des personnes auxquelles sont imputables: (soit) l’absence de tout progrès en vue de parvenir à un règlement politique du conflit en Transnistrie (République de Moldavie), (soit) la conception et la mise en oeuvre de la campagne d’intimidation visant des établissements scolaires moldaves de la région de Transnistrie (République de Moldavie) où l’enseignement est dispensé en alphabet latin, ainsi que la fermeture de ceux-ci ». (NB : en d'autres termes, l'interdiction de l'enseignement en moldave-roumain, au profit du russe, en application d'une politique de russification menée par les autorités de Transnistrie).

(3) télécharger le texte des conclusions

(4) Les Russes ont stationné en Transnistrie, selon Ria Novosti : 355 hommes au titre des "forces de paix" (au-dessous de la limite fixé par les accords d'Odessa), ainsi que 1500 hommes au titre de la protection des intérêts russes (dépôts de munitions de l'ancienne 14e armée soviétique).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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