La position des « Visegrad » sur le Sommet Défense

(BRUXELLES2) « Donner un nouvel élan à la coopération de l'Union européenne ». C'est ainsi que les Premiers ministres des quatre pays constituant l'espace Visegrad (V4) résument l'enjeu du sommet consacré à « la défense et la sécurité européenne ». Dans une lettre adressée à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, les "4" soutiennent « l'implication de l'Union européenne dans les enjeux mondiaux liés à la sécurité et à la défense » et incitent « le Conseil européen (à) prendre des mesures ». « Le Conseil européen ne devrait pas être un événement “stand-alone" » soulignent-ils, appelant ainsi à une « discussion régulière » sur ces sujets. Mais ils formulent aussi des nuances spécifiques sur le renforcement du partenariat transatlantique, une base industrielle plus équilibrée ou le soutien aux pays du Partenariat oriental...
Pour une PSDC plus efficace
Utiliser tous les instruments européens. Pour renforcer « l'efficacité, l'impact et la visibilité de la PSDC (...) et améliorer notre capacité à agir au moment opportun », il faut utiliser « la gamme complète des instruments militaires et civiles de manière flexible », souligne le document. La PSDC « doit [ainsi] être bien intégrée dans la mise en place des différents instruments européens disponibles en accord avec l'approche globale de l'Union européenne ».
Une révision régulière des missions et opérations PSDC. Accroître l'efficacité de la PSDC passe notamment par le réexamen (review) des opérations et missions de la PSDC : « les performances européennes dans la planification et la conduite des missions CSDP et des opérations » devraient ainsi être revues « selon une base régulière ».
Développer les activités civiles. Pour les pays de Visegrad, la dimension civile des missions constitue « le potentiel et l'outil unique de l'Union européenne ». Ils soulignent son rôle dans « la prévention de la crise et la reconstruction après le conflit » et souhaitent « un financement adéquat, flexible (...) et efficient ». Le V4 ne dédaigne pas pour autant l'opération militaire. Mais on sent bien que ce n'est pas leur priorité. « Le travail d'amélioration de l'utilisation aussi bien que de la flexibilité des Battlegroups européens » doit « continuer » soulignent-ils.
Un soutien aux programmes capacitaires et à l'industrie de défense
Des capacités européennes. Le V4 fait clairement référence aux quatre programmes capacitaires (drones, ravitailleurs, communications satellites, cyber-défense) identifiés par l'Agence européenne de défense et affiche son soutien au « développement des capacités militaires européennes (...), de la coordination et de la coopération ».
Une base industrielle plus équilibrée. Les pays appellent à « des efforts plus poussés sur le renforcement de la base technologique et industrielle de la défense européenne (BITDE) ». Les notions d'équité et d'équilibre sont particulièrement mises en avant. Ainsi, les opportunités offertes par la BITDE doivent être fournies « pour tous les Etats membres de l'UE ».
Les PME. Les V4 déclarent que « le renforcement de l'industrie de défense européenne devrait être réalisé main dans la main pour assurer un accès et une participation plus large des PME dans le marché de la défense européen et mettre en place des conditions équilibrées, transparentes et justes pour tous les utilisateurs du marché ». Un accès qui devrait être soutenu par « une meilleure utilisation des fonds structurels ».
Partenariats
Axe transatlantique. Loin de demander une plus grande autonomie de la PSDC vis-à-vis de l'OTAN, le V4 affirme avec force : « Nous ne pouvons et nous ne souhaitons pas agir tout seul. Un partenariat transatlantique fort et stable reste d'un intérêt partagé vital ». Et cela passe par « l'accroissement (...) de l'utilisation des standards communs pour la planification et le développement des capacités ».
Partenariat oriental. Les Etats du V4 ont réaffirmé leur volonté « d'intensifier le dialogue sur la sécurité et défense entre l'UE et les pays partenaires, incluant ceux du voisinage de l'UE, et encourageant leur participation large aux missions et opérations européennes. Dans ce contexte, nous saluons la création d'un « Panel » sur la PSDC sous le partenariat oriental. » (NB : sur le sujet : Une initiative pour créer un fonds PSDC « Partenariat oriental »)
(Loreline Merelle et Nicolas Gros-Verheyde)
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