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La discussion sur la flexibilité des Battlegroups va se poursuivre

(BRUXELLES2 / A Göteborg) A l'issue des premières discussions qui se sont déroulées durant une partie de l'après-midi à l'informelle des 27 ministres de la Défense de l'UE, à Göteborg, le Suédois Sten Tolgfors, qui présidait la réunion, paraissait moins sûr de lui qu'au début de la réunion sur l'utilisation plus flexible de la force de réaction rapide de l'UE (les battlegroups). « Certains sont pour augmenter la flexibilité. D'autres sont plus pour rester au système actuel. Je reconnais qu'il y a des difficultés. Mais il fallait entamer la discussion ».

Des réticences

Apparemment çà coince tout de même. Tout d'abord sur la flexibilité. Chacun peut entendre ce mot différemment. Pour le ministre de la défense polonais, Bogdan Klich, par exemple cela signifie plutôt pouvoir utiliser ces forces pour la défense territoriale. Pour d'autres, il s'agit d'une force d'anticipation des opérations en cours (avant la génération de force). Certains craignent aussi qu'à trop  flexibiliser, les battlegroups soient davantage employés, donc coutent plus cher à tous. Et là vient une autre réticence : celle du financement. Une partie des coûts du battlegroup est, en effet, mise en commun. Chaque Etat pourrait donc être amené à contribuer à une opération qu'il ne désire pas et où il estime que cela ne peut pas être utile. Le risque est aussi opérationnel. Le danger, de puiser dans le battlegroup pour différentes missions, pourrait le "découdre". Et l'UE n'aurait plus avoir alors de force de réaction rapide. Le Ministre est bien conscient de ces réticences et toutes les questions qui se posent. Il l'avoue à mi-mot.

La discussion continue

« Nous avons juste voulu entamer la conversation - assure-t-il. « Nous voyons bien au fur et à mesure des discussions qu'il y a une série de questions auxquelles il faut répondre. Par exemple, si nous envoyons un battlegroup, que fait-on au bout de ces 4 mois (par exemple) de présence sur place. Par quoi et par qui le remplace-t-on ? ». Alors... « La discussion va continuer - c'était notre objectif : ouvrir la discussion ». Le sujet sera, à nouveau, débattu, à la réunion formelle du conseil jumbo des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, en novembre. « Et la présidence espagnole (au 1er semestre 2010) nous a confirmé qu'elle entendait  poursuivre cette discussion ». Et le Ministre de justifier : « Nous ne voulons pas changer le système. Nous ne modifions pas le concept des Battlegroups. Ce que nous prônons, c'est juste un peu plus de flexibilité, sur une base volontaire. Chacun sera libre d'utiliser ses flexibilités ou non. Mais il faut avancer » indique-t-il, se remémorant l'exemple du Tchad.

Le "traumatisme" suédois du Tchad.« Lorsque l’UE a pris la décision de procéder à une intervention militaire rapide au Tchad (en 2007), il était difficile de rassembler les unités qui devaient y être envoyées. Alors qu’en même temps nous avions «  sous la main » deux groupements tactiques totalement prêts à intervenir.» a-t-il expliqué le Ministre. Dont le Nordic battlegroup, super-entraîné, et dans lequelle la Suède (comme les autres pays nordiques avaient beaucoup investi et misé). « Dans ce type de situation, une possibilité serait de pouvoir « emprunter » un groupement tactique ». En 2011, un nouveau nordic battlegroup sera opérationnel (lire ici). Et le Ministre ne veut pas que si les conditions soient vraiment réunies, il reste dans les casernes. « Il faut que je motive mes contribuables pour entretenir ces Battlegroup. Cela a couté un milliard de couronnes suédoises pour mettre en place ce battlegroup (100 millions d'euros) » assure-t-il.

(Nb : en Suède, les socio-démocrates demandent des comptes au gouvernement sur cette emploi. D'où l'omniprésence dans le discours du Ministre à plusieurs reprises de cette notion d'utilisation des Battlegroups.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : L'idée suédoise de modulation des battlegroups

Les battlegroups: "un concept c'est bien, les utiliser c'est mieux" dit la présidence de l'UE

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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