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Attaque terroriste sur le centre de formation de EUTM Mali à Koulikoro cette nuit (V8)

(B2) Le centre de formation à Koulikoro, où sont déployés les militaires européens de la mission EUTM Mali, a été l'objet, cette nuit de samedi à dimanche (23 au 24 février), d'une attaque terroriste à la voiture piégée. Deux militaires maliens blessés. Pas de victimes côté européen

Centre de formation de Koulikoro (Crédit : Conseil de l'UE - archives B2)

Une attaque complexe, à la 'voiture piégée' suivie de tirs

L'attaque a eu lieu entre 2h50 et 3h10 du matin (heure locale, + 1 heure Bruxelles). Elle a été très courte, selon une méthode désormais éprouvée par les terroristes : tirs et  voiture(s) piégée(s), par des engins explosifs (IED). D'après le gouverneur de la région, le col. major Mamary Camara, il ne s'agit pas d'un véhicule (comme évoqué au début), mais bien « de deux véhicules kamikazes  avec un nombre indéterminé d'assaillants » qui ont mené l'attaque. Ils « ont d'abord ouvert le feu sur le poste de contrôle de Mafèya sur l'axe Koulikoro Banamba », puis ont ensuite foncé « vers le centre d'instruction militaire Boubacar Sada Sy où il se sont explosés à l'entrée ». Mais il n'a pas confirmé l'information de Mali24, parlant d'« une roquette tirée de l'autre côté du fleuve ayant explosé devant l'entrée du camp ».

La bonne réaction des Maliens et de la force de protection

Les soldats maliens (FAMA) comme la force de protection du camp de l'UE ont bien réagi, repoussant l'attaque, selon nos sources. Ils ont ainsi largement contribué à ce que cette attaque ne soit pas meurtrière, comme escompté. Information confirmée du côté du ministère malien de la Sécurité et de la protection civile. « Face à l'alerte et la réaction des sentinelles, les assaillants se sont vus obligés de déclencher leurs systèmes juste à l'entrée du camp ». Le deuxième véhicule kamikaze « bourré d'explosifs » n'a ainsi pas « pu être déclenché ». Les démineurs devaient procéder à « son explosion contrôlée » de façon à éliminer tout risque.

Trois Maliens blessés

Au bilan : deux militaires maliens ont été blessés, assez légèrement. Ils ont été pris en charge immédiatement par l'hôpital de campagne (le 'Rôle 2') déployé à l'intérieur du camp. Un civil a été plus « gravement » atteint, selon le gouverneur de Koulikoro. Bilan ensuite revu ensuite à la baisse pour être qualifié de « léger ». Au moins « deux corps » ont été retrouvés sur les lieux (les assaillants). Il n'y a « pas de pertes à déplorer parmi les Européens », selon nos sources. Bilan officiellement confirmé par EUTM Mali dans un tweet à 12h20 : « Aucun membre d'EUTM Mali n'a été blessé. » Comme par la Bundeswehr (1).

Pas de pertes côté européen

L'état-major des forces armées espagnoles a très vite communiqué pour indiquer que les militaires espagnols — qui assurent en partie la sécurité du camp – n'avaient à déplorer aucun blessé. « Tout va bien » ont-ils indiqué. Message destiné à rassurer les familles.

De la même façon, le porte-parole du commandement des opérations de la Bundeswehr a tenu à envoyer le même message : « Les soldats de la Bundeswehr et ceux des autres forces de l'Union européenne ne sont pas affectés » comme le rapporte notre collègue à Berlin, Thomas Wiegold (Augengeradeaus).

Une attaque condamnée

L'attaque a été condamnée « fermement » par le représentant spécial de l'UE au Sahel, Angel Losada, affirmant que l'Union européenne continue de se tenir aux côtés du Mali et des forces armées maliennes (FAMA).

Un contexte bousculé

Visite française et neutralisation de plusieurs terroristes

Cette attaque survient dans un contexte marqué à la fois par la visite au Mali du Premier ministre français Edouard Philippe et de la ministre des Armées Florence Parly, arrivés vendredi soir dans le pays, mais aussi de l'annonce de la 'neutralisation' par les forces françaises de l'opération Barkhane d'un des responsables d'AQMI dans le pays, Yahia Abou Hamman (Le numéro 2 du RIVM abattu par les forces françaises au nord Mali).

Des Européens devenus une cible

Ce n'est pas la première fois que les Européens sont pris délibérément pour cible au Mali. En mars 2016, le QG de la mission à Bamako avait été attaqué, sans dégâts. En juin 2017, l'attaque terroriste contre l’hotel Le Campement où se trouvaient plusieurs militaires européens au repos, avait fait plusieurs victimes, dont un soldat portugais et un agent de la délégation de l'UE (près de Bamako. Des morts parmi les Européens). Ce sans compter les victimes d'attentats en ville : un Belge, agent de la sécurité pour la délégation de l'UE au Mali, avait été tué en mars 2015 lors de l'attentat dans un restaurant de Bamako. (2) En l'espèce, les terroristes semblaient tout autant viser l'armée malienne que les Européens, comme ils l'avaient fait contre le QG du G5 Sahel à Sévaré en juin 2018 (lire aussi : L’UE va financer la reconstruction du QG du G5 Sahel à Sévaré).

Le principal camp de formation de l'armée malienne

Le camp de Koulikoro abrite l'école militaire inter armées (EMIA) de l'armée malienne, dénommée Boubacar Sada Sy. C'est dans cette structure située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Bamako, légèrement à l'extérieur de la ville, près du fleuve Niger, que sont assurés la plupart des formations assurées par les Européens depuis le début de la mission en 2013.

Un entraînement régulier

Ce type d'attaque n'est pas, en soi, une surprise. A chaque rotation de la force de protection, les militaires européens s'entraînent avec leurs collègues maliens, à une attaque à l'explosif (IED), pour tester à la fois la réaction et la chaîne d'évacuation médicale. C'était le cas par exemple en août 2015 (lire ici)

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Leonor Hubaut)


Trois casques bleus tués à Siby

On a appris également que trois Casques bleus du contingent de Guinée Conakry de la MINUSMA qui partaient en permission à bord d’un véhicule de location, ont été attaqués vendredi (22 février), vers 22h, « par des hommes armés non identifiés sur la route de Siby », selon la Minusma. Au bilan : trois casques bleus tués et un blessé. Le civil, qui conduisait le véhicule, « a également été blessé ». Siby est situé à 44 km au sud-ouest de Bamako, à l'exact opposé de Koulikoro par rapport à la capitale malienne.


  1. La mission est actuellement assurée en bonne partie par les Allemands, avec l'Allemagne comme nation-cadre, et le général Peter Mirow à sa tête (EUTM Mali. L’Allemagne prend le lead)
  2. En Somalie, par ailleurs un convoi de EUTM Somalia avait été visé par un attentat à Mogadiscio le 1er octobre dernier.

Mis à jour le 24. fév. entre midi et 14h, avec les informations de la Bundeswehr (V2), la confirmation EUTM Mali (V3), le rappel des attaques récentes (V4), le bilan officiel du gouverneur malien de la région (signalé par Jigi Africa - V5), avec les détails sur les circonstances de l'incident par le ministère malien de la sécurité et de la protection civile (V6) - (19h) le conditionnel enlevé sur le bilan de l'attaque (V7), avec le rappel des exercices passés (V8).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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