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Cirage de pompes généralisé à Washington. Donald, le petit père de l’Alliance

(B2) Durant ces dernières 48 heures, à Washington, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance atlantique se sont rassemblés autour d’un même message : l’OTAN est un merveilleux instrument, l’Alliance atlantique est nécessaire, et grâce à l’impulsion de Donald Trump, nous avons fait un grand bond en avant…

Jens Stoltenberg et Donald Trump dans une poignée de mains virile (crédit : US – Maison Blanche)

Grâce à Donald, quel chemin parcouru !

Ce dernier point n’est pas de la flagornerie pure. Il s’agit de démontrer à l’hôte actuel de la Maison blanche que les efforts des Alliés pour augmenter leurs dépenses de défense et atteindre l’objectif des 2% du PIB tiennent essentiellement à son action, et non à celle de son prédécesseur, Barack Obama. Il faut faire oublier que c’est le Démocrate, ennemi de D. Trump, qui a initié ou soutenu la nouvelle politique adoptée au sommet du Pays de Galles, avec à la clé, un ‘stop’ à la baisse des budgets de défense et un calendrier pour leur remontée.

La trace de Obama, soigneusement effacée

Fidèle à cette tactique, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a soigneusement gommé de son discours (devant le congrès US) toute référence à Barack Obama, et même au sommet du Pays de Galles, pour ne rendre hommage qu’à l’actuel président : « Les alliés de l’OTAN doivent dépenser plus pour la défense. Cela a été un message très clair du président Trump. Et ce message a eu un réel impact » (1).

La crainte d’une porte claquée

Cette attention a un objectif concret : éviter que le doigt agité de Donald ne dérape en direction de son tweeter pour lâcher une bordée d’injures ou de remarques négatives sur l’un ou l’autre. Chacun garde en souvenir les moments douloureux du dernier sommet de l’Alliance, en juillet à Bruxelles, où l’ancien homme d’affaires, devenu président, avait semé le trouble et la stupeur dans cette assemblée d’ordinaire plus policée (2). A l’époque, la crainte de le voir claquer la porte, voire de dénoncer le Traité de l’Alliance atlantique, était si réelle que, en urgence, les juristes de l’organisation avaient été sommés de farfouiller dans le texte originel du Traité — et les autres dispositions internationales —, pour voir quelles étaient les conditions exactes d’un USexit…

Un cirage de pompes efficace

Cette menace semble éloignée aujourd’hui, grâce à cet effort général de cirage de pompes du président américain. Le secrétaire général « a un bon sens politique. Il rend hommage au travail de Donald Trump » nous confie un diplomate en poste à l’alliance. « C’est efficace. Cet empire des signes a éteint les menaces sur une sortie de l’OTAN ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) On semblerait être au temps de l’Union soviétique des grands jours, quand on effaçait soigneusement toute référence à l’ancien chef…

(2) Lire sur le sommet de Bruxelles :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).